Hey Yo!

Griselda est le label que j’ai le plus écouté en 2020… Jusqu’à l’overdose. J’ai tellement saigné leur son dégueulasse et râpeux que j’ai ressenti, il y a quelques mois, le besoin de lever l’pied. Bah vous savez, quand vous bouffez votre plat préféré chaque jour, il arrive un moment où vous saturez, c’est humain…

Mais comment ne pas retomber dans l’addiction pure à l’écoute de cette incroyable face B de HWH8?

Le plus incroyable pour moi est que Westside Gunn n’a jamais été mon préféré de l’écurie. J’ai souvent eu du mal avec sa voix et son flow et encore plus avec ses projets. A part Pray for Paris, je n'ai jamais été un consomateur excessif, préférant ses 2 acolytes Conway et Benny. Mais là!

Fin août 2021 est sorti le 8 ème épisode de la série Hitler Wear Hermes nommé Sincerely Adolf. L’ambiance poisseuse typique était évidemment toujours présente mais le nombre d’invités m’avait perdu, voyant Gunn difficilement surnagé, ou seulement par à-coups.

La Side B, sortie le 24 septembre, porte bien mal son nom tellement elle est au-dessus.

Tout est cool, sale et parfois amusant. Nous avons ici, droit à ce qu’il semblerait être parmi les meilleurs titres de Gunn tout simplement. Bien que je ne sois pas un expert de l’artiste, je le répète, je n’ai pas le souvenir d’avoir pris un tel pied en l’écoutant.

Hell on Earth part 2 qui arrive après 2 intros, est une vraie grande chanson qui voit briller Gunn avec ses potes Benny The Butcher et Conway The Machine en lâchant des lignes terribles sur un rythme dense et hypnotique et ses notes de piano gras.

Jay Electronica est étonnant sur Free Kutter, produit magistralement par Jay Versace, Madlib est incroyable sur Richies. Ce rythme qui sent le sexe, ces échantillons Soul saturés et Gunn qui épouse la prod comme un boss. Génial aussi l’interview de Coco Chanel à la fin. (D’ailleurs j’suis pas peu fier d’avoir trouvé moi-même L'interview en question sur Youtube).

Julia Lang, 6ème piste, porte le nom et a pour intro un monologue de la bien nommée qui est une pote et spécialiste du marketing et de la mode sur les réseaux sociaux. La prod de Camouflage Monk, cousin de Billie Essco est fantastique mais terriblement trop courte.

Celine Dion est un grand moment en deux parties. La première, très Old School est un banger crasseux dans lequel Heem et Chase Fetti se lâchent. Je suis loin de comprendre tout ce qu’ils crachent mais quel pied. La seconde partie est plus sinistre et menaçante avec ce piano qui dégouline sur le beat lent et poisseux sur lequel Flee Lord est carrément à l’aise.

La réconciliation avec Mach-Hommmy est une des meilleures idées qu’a eu Gunn dans sa vie car leur chimie sur Best Dressed Demons (le piano est merveilleux) et RIP Bergdorf (Prod folle sans beat rytmée par une voix Soul) est indéniable.

Forest Lawn est une de mes préférées! Du nom d’un cimetière de Buffalo, et sur un énième rythme apocalyptique de Camouflage Monk, Gunn a un couplet terrible. La surprise vient de 2 Chainz. Le vétéran géorgien nous ferait presque croire qu’il a signé chez Griselda tellement il excelle, on en vient à espérer une suite à cette collab.

Gros beat bien lourd, boucle de piano meurtrière, "Why I Do Em Like That" Ft Billie Essco, est un pur track de Buffalo. Tout comme "Eddie Kingston" avec Rome Streetz.

"TV Boy" est monumental, étouffant, Un titre narcotique où Gunn est à son meilleur.

"The Fly Who Couldn’t Fly Straight" voit par contre Tyler prend toute la place, en 1min45. Et ne pas oublier le formidable "Ostertag" du grand The Alchimist où Stove God, le protégé de Roc Marciano, montre toute l’étendue d’son art.

En résumé, l’album Gangsta Rap de l’année 2021 est là, devant vous. Il y a beau y avoir pleins d'invités, c’est bien un album de Westside Gunn, c’est lourd, c’est grave et cool à la fois. Il y a une cohérence certaine et l'enchaînement des titres se fait naturellement, pas de temps morts, ça glisse et cette face B qui fait 20 min de plus que la face A paraît plus courte!

Pour moi, c’est son meilleur projet. C’est sombre évidemment mais la qualité de la production est saisissante avec un sentiment de spontanéité dominante.

Aller j’y retourne… Doot, doot, doot, doot, doot, doot, doot, doot….