Pourquoi certains groupes des 80's ont-ils si mal vieilli ?
L'esprit fusion / déstructuration hérité des punks ? Hmmm non, y a encore de beaux jours à suivre de ce côté là, comme avec ces chèvres suédoises par exemple.
La batterie électronique ? Non plus, elle n'a pas tellement eu le temps de vieillir, ou du moins la résurrection fut-elle rapide et jouissive ; Siamese Twins des Cure sonnait daté voilà 10 ans, ça n'est plus le cas.
La basse en mode "slapping" ? Ça peut pas être ça, le slapping c'est la vie, le slapping c'est fabuleux, le slapping c'est le générique de Seinfeld ! Et les vieux groupes de jazz fusion soporifique à la papa dont je n'ai même pas d'exemple en tête... Ok, le slapping c'est vraiment affreux. A part chez Sly (vu que c'est son bassiste Larry Graham qui l'a inventé).
Les cuivres alors ? Oulah non... Enfin tout dépend de leur orchestration (ici bien pauvre) mais c'est une coquetterie du rock qui traverse super bien les âges, de Love à Belle & Sebastian en passant par Kool & the Gang.
A tous les coups c'est le sax ! Ah, le sax... Faut vraiment être un gros punk néerlandais pour oser le sax hors jazz, et encore, n'est pas John Zorn qui veut.
Blague à part, je vois l'intention, je vois l'ancrage dans cette époque de ton industriel bleu-froid et de reverb à gogo, mais je ne sauverai qu'1,66 morceau sur 10 de cet album, parce que le reste combine tout cela d'une façon dénuée de charme.
0.33 pour le Track 1 "The Waltz"
Introduction lancinante et Pink Floydesque avec un sax dégoulinant sur de grosses nappes d'orgue et une rythmique en basse lourde, le tout boosté à la reverb bien sûr. Bien plombante cette valse ; ça se laisse écouter.
0.33 pour le Track 10 "Soma", pour son côté BO de film expérimental de vampire en ex-RDA.
1/1 pour "In a Manner of Speaking"
Il paraît qu'en amour la télépathie marche si l'on se touche les cheveux en gloussant explicitement. J'ai jamais su faire, alors ce morceau m'a dit bien des choses... Je l'avais découvert voilà une quinzaine d'années, via la reprise de Nouvelle Vague. Quoi que l'on pense de l'absurdité de dépouiller le cold de cette wave en l'orchestrant bossa, l'éclairage doux-amer ne gâche rien de ce très beau morceau. Et quoi que l'on pense de Camille, elle a une voix magnifique.
La version originale est malgré tout plus intense, la plainte moins geignarde et plus fiévreuse avec ce sifflement solitaire en écho dans la nuit glacée.