Chronique Queen n°4
Hot Space est un des "moins bons" albums de Queen avec Flash Gordon. Il met généralement d'accord les non-fans et les fans sur ce point. Même les membres survivants du groupe semblent le renier.
Pourtant, ce n'est pas faute à Queen d'avoir voulu essayer de se diversifier et de sortir des carcans du hard rock des années 70. Le groupe vise une portée commerciale en 1982 et va par la suite avoir tendance à surfer sur ce qui est à la mode du moment. Le début des années 80 n'a franchement pas été tendre avec les quatre Britanniques qui vont se manger des échecs ET des distorsions de plus en plus grandes parmi la formation Queen. Sans vouloir rentrer dans les détails, les membres ne porteront pas cette période dans leur cœur pour de nombreuses raisons, dont la dégradation progressive de leurs relations.
En 1982, John Deacon et Freddie Mercury, qui commence à fréquenter assidûment le milieu des boîtes de nuit gay à Munich, veulent partir sur du disco alors que Brian May et Roger Taylor préfèrent rester sur du rock. Tant bien que mal, les deux derniers vont finir par se plier à la volonté des deux premiers. La gestation de ce Hot Space se fera avec beaucoup de difficultés et dans la douleur, des larmes et du sang si on veut être imagé. Quant au produit final: autant je salue l'audace et l'envie de s'affranchir de barrières musicales, autant je pense sincèrement qu'ils auraient mieux fait de s'abstenir.
Queen et le disco, ça donne: des gros synthés datés, des compositions pauvres, une grosse absence de "vraie" batterie, des paroles un peu (voire beaucoup) coconnes et un Freddie qui minaude tellement que s'en est insupportable. Il y a quelques fois la guitare de Brian May qui permet de bien nous rappeler qu'on écoute du Queen mais autrement: les gars, vous avez foutu quoi là ? Ça s'entend que vous n'y croyiez pas plus que ça (et ça se voit quand on regarde les interviews d'époque !).
J'éprouve du mal à écouter l'album en entier tellement je trouve la plupart des compositions creuses et insipides. Bon ça tient peut-être du fait que je ne porte pas vraiment le style disco-funk dans mon cœur, mais Cool Cat, Life is Real et Body Language font partie des œuvres les plus inaudibles de Queen à mes oreilles. Certaines chansons sont cependant plus audibles jouées en live (Action this Day), le fait que les synthés soient évincés pour un aspect plus rock aide pas mal.
J'arrive à sauver le groovy Back Chat, l'entraînante Calling all girls et le clap de fin Under Pressure.
L'album n'est clairement pas un indispensable de la discographie de Queen et sûrement pas un de ceux qu'il faut écouter en priorité. Si vous êtes fan du groupe néanmoins, cela peut être intéressant de l'acquérir car il témoigne de sa versatilité . Si vous aimez le style disco/funk/dance, vous pouvez tenter l'expérience.