De l'électricité dans le sang

Le plus gros défi de Hotline Miami 2 est de ne pas l’acheter sans sa soundtrack. Des gens qui ont « jour un » la bande-son même sans le jeu, il y en a plus qu’on ne le croit. Des gens qui ont été tout vierges de synthwave et qui ont goûtés à ce nectar divin par le biais de Hotline Miami, il y en a encore plus.

L’identité si forte de la duologie de Dennaton Games, c’est ça. Un concentré électrique pur jus, une centaine de batteries AA en une, un défibrillateur de cœurs sensibles. Ce sont les ondes sonores de la nuit. Accompagné du Roller Mobster de Carpenter Brut, on se retrouve à marteler la touche d’exécution comme si le Parkinson était devenu un style de dance approprié pour le genre. La frénésie du gameplay ne fait qu’un avec les millions de volts de la soundtrack.

Pourtant, le second opus a changé la voie empruntée par son prédécesseur. Lors d’une longue série de meurtres à Miami, il fallait occuper les oreilles du joueur. Pendant qu’il avait les mains couvertes de sang pixelisé, la musique faisait son boulot. Elle lançait la transe. Le die & retry ne compte plus, la ballade synthwave continue de plus belle. Elle motivait le joueur, le prenait par la main dans ce monde de violence pourtant jouissif. C’était le parfait compagnon.

Et maintenant que la mafia russe a mordu la poussière, il fallait répondre aux questions restantes. Le premier Hotline, c’était de la pêche. Des sons à la mélodie plus « dance », avec une touche de positivité. Le côté âpre de ce qu’il se passait autour de nous était amoindri. Le deuxième chapitre de la série change de disque. Le principal (sous) genre représenté ? Le dark synth. Du synth recouvert d’une robe obscure, plus agressif. Carpenter et Byrne sont les papas de ce style. Decade Dance, Le Perv, Technoir… Il n’y a plus de soleil à Miami, seulement une longue nuit pleine d’horreurs. Le ton global a viré vers le dérapage, les conséquences de nos actes et la destruction. Parfois vers la nostalgie, synthwave oblige : Dust de M|O|O|N et The Way Home de Magic Sword.

Parmi mes pistes de cœur, je vous recommande Run, d’Iamthekidyouknowwhatimean (dat pseudonyme), pour sa virtuosité. Ou comment commencer un morceau par des notes apparemment fausses, pour finir en puissance over 9000.

Dust de M|O|O|N, qui illustre les conséquences de nos actes de la meilleure manière. Après chaque mission, le tableau de score s’affiche en nous rappelant le nombre de victimes butées, sur fond de Dust. Finir le jeu sur cette note est aussi incroyable.

Sexualizer de Perturbator, avec en bonus une petite dose de gémissements féminins (malheureusement absents sur cette mouture vidéoludique, mais présents sur l’EP de l’artiste pour les curieux). La mélodie la plus 80’s qui soit, avec un finish en solo qui secoue la tête à 90°.

A coup sûr un grand album. L’une des meilleures soundtrack du jeu vidéo. Un poing c’est tout.