House of Gold & Bones, Part 2 par Lucas Hueber
Après la première partie qui nous avait à peu près tous laissé pantois, voici le petit frère. Le House of Gold and Bones part 2. Cette fois, pas de "No one's laughing now", puisque le ton était déjà donné dès le début de la Part 1. Une plus grande sensibilité sur cet album, un son Stone Sour plus "mature". Encore que ce mot n'est pas juste, parce que, s'il y a un groupe mature aujourd'hui, c'est bel et bien Stone Sour, qui, après son enfance turbulente, l'album éponyme Stone Sour, nous a fait une crise d'adolescence plutôt calme, voire apathique, avec le bon Come (What)Ever May et le mitigé, voire décevant, Audio Secrecy. The House of Gold and Bones part I venait sonner le glas d'une période révolue (le départ du bassiste-fondateur Shawn Economaki), la mort de Paul Gray, en 2010, bassiste de SlipKnot et très proche de Corey Taylor (ce qui a, inconsciemment sûrement, influencé ces deux albums de Stone Sour).
A première vue, on pourrait y voir un deuxième album moins fringant, moins puissant, qui n'a pas la même force que la première partie. Cette impression ne dure vraiment pas longtemps. Juste la première chanson. Et encore, pas entièrement. Red City ouvre cet album d'une manière totalement particulière. Alors que dans le premier album, ça envoyait du bois dès les premières mesures, ici, le triptyque chant-piano-batterie dure jusqu'au premier tiers du morceau environ, avant l'entrée de la basse et d'une batterie beaucoup plus appuyées. Tout s'enfonce vraiment dans les abîmes de l'Enfer, au niveau du dernier quart du morceau où la distorsion modifie vraiment la voix de Corey. L'Apocalypse par Corey Taylor (présente un peu partout. Il faut dire aussi que le garçon n'a pas eu une vie facile), plus tranquille et plus sombre, plus vicieuse que celle proposée par SlipKnot . Cette idée de l'Enfer, ou au moins de quelque chose de lourd et d'imposant se retrouve dans Sadist, sur l'intro, du moins. Les arpèges de guitare et le jeu toms-charley de Roy Magora rappelant la lourdeur de l'arpège de Season in the Abyss, de Slayer (impression qui se retrouve sur Peckinpah, qui est sans doute l'un des meilleurs morceaux de l'album).
On savait Corey Taylor très bon vocaliste, ce qui va au-delà de l'activité de chanteur. Le vocaliste arrive à moduler sa voix à chaque fois qu'il le veut, pour donner une nouvelle tournure, une nouvelle force à un morceau. C'est le cas ici, où Corey manie aussi bien le chant clair que le chant scream ou encore le growl, grave et profond qui impressionne, surtout pour un album de Stone Sour (ça aurait été presque normal sur un album de SlipKnot). Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter le break de Red City, une sorte de basculement dans la folie, ou, encore plus nettement, celui de Sadist.
Do Me a Favor, morceau phare de l'album. Pour deux raisons. La première, c'est que l'on retrouve l'ambiance "Gone Sovereign / Absolute Zero", une rythmique appuyée, un chant rauque et râpeux, comme seul Corey Taylor sait le faire (sa polyvalence et sa capacité d'adaptation en font d'ailleurs un des principaux chanteurs de metal de la scène actuelle). Le rappel est d'autant plus présent qu'on retrouve, à la fin du morceau un rappel à A Rumor of Skin (pas exactement les mêmes paroles, mais un rappel sur la phrase d'accroche et les idées principales, et surtout le rythme qui revient et qui fait tout de suite prendre conscience de ce rappel).
Un album de Stone Sour ne serait pas un album de Stone Sour s'il n'y avait pas une chanson plus calme, voire dépressive. Dans le House of Gold and Bones, part I, on avait Tired et Taciturn. Sur la part II, on a The Conflagration, qui, dans la structure, ressemble plus à Tired et, dans le rythme de chant, au moins sur les couplet, on retrouve la portée dépressive et maladive de Taciturn. Le solo aussi renvoie bien à ces deux perles, extraites de la première partie.
Cet album représente symboliquement la position de l'être humain dans le monde spirituel : chaque étape de sa vie (chaque morceau de l'album) se retrouve entre l'Enfer (tonalités sombres et lourdes, distorsion massive sur la voix) et le Paradis (chant clair, guitares au son clair très légèrement distordu). Cette symbolique se retrouve sur la pochette de l'album : le contraste entre le feu et l'eau, le terrien et l'aérien, la destruction et la pureté. La position des deux personnages sur la pochette n'est pas anodine et résume bien l'idée : le personnage en feu est en infériorité spatiale, alors que le personnage fait d'eau semble le surplomber.