Second album de Royal Blood, le jeune groupe britannique qui a révolutionné le rock anglais avec une dose de stoner, de hard rock, de punk, de garage et d’ambiance particulièrement jeune. On retrouve un peu ce que les Black Keys avaient été quelques années auparavant pour toute une jeunesse. Il s’agit avec le second album de confirmer les espérances du public dans ce jeune groupe prometteur. On retrouve toujours ici ce qui a fait la force du groupe : basse électrique avec une tonne de distorsion et de la batterie ! Beaucoup d’effet et c’est parti !

Néanmoins How did we get so dark offre au public l’occasion de rapidement dire « c’était mieux avant » tant ce disque montre déjà des différences avec le premier album. En effet, la production est plus léchée, l’ambiance garage un peu moins présente. Malgré cela, le disque est vraiment bon et a été rapidement un beau succès. Et pour autant c’est dès cet album que certains fans ont commencé à considérer que le groupe changeait. Pour ma part, c’est avec cet album que j’ai découvert Royal Blood il y a désormais quelques années et je continue de porter ce disque dans mon cœur.


Si la formation du groupe (seulement deux membres) emprisonne la composition dans un schéma qui conduit à quelques répétitions (et on ne saurait se plaindre puisque c’est le concept même), on voit dès ce disque que le but est d’être moins punk, l’aspect « punk » du premier album diminue un peu, tandis que le côté « pop » augmente.

Moins agressif que son grand frère, How did we get so dark n’en reste pas moins un très bon album qui apparaît, aujourd’hui, comme étant justement annonciateur d’une part plus pop dans la production du groupe, d’ajout successifs de clavier qui sont devenus au fur et à mesure de plus en plus présents.

On notera aussi que si le groupe avait assumé de faire une musique sexy dans son premier disque, ce second album augmente cette dimension dans plus d’un titre.


Pour autant, on ne saurait résumer le travail des Royal Blood à si peu. How did we get so dark, le titre éponyme qui ouvre l’album révèle à la fois une influence Beatles, quelque chose de « sombre » aussi, influence lovecraftienne dans l’écriture, le tout avec une réelle beauté et envergure que le groupe aspirait à obtenir dans le premier disque. Petite merveille, ce morceau est certainement trop oubliée dans la discographie du groupe.

A l’inverse Lights Out est l’un des énormes tubes. Moins rapide et agressif que le premier disque, ce morceau est immédiatement dans la séduction et fonctionne particulièrement. Très pop, répétitif, le morceau est une merveille d’écriture tant il fonctionne à souhait. Les solos de basse sont parfaits, les choeurs marchent mille fois mieux que des singles entiers. Bref, Lights Out est clairement un des titres qui a permis à Royal Blood de se faire connaître du grand public. C’est ici le monument de l’album, mais ironiquement c’est aussi l’un des titres que l’on appréciera le moins à force de réécoute.


Toujours dans la séduction et l’amusement I only lie when I love you est un single efficace, qui représente très bien les morceaux « middle ground » du groupe. Pas mauvais du tout, mais un peu répétitif et dont on retient surtout une phrase. On sent que le morceau avait été pensé, à juste titre, pour être un single grâce à son côté accrocheur mais que cela ne parvient pas pleinement. On notera cependant qu’il reste un peu trop minimaliste. Le morceau révèle bien un des aspects problématique : le côté « minimaliste » que le groupe peut avoir et qui est exagéré dans ce titre. Bien entendu, on en profitera pour se régaler de la voix de Mike Kerr, toujours aussi belle.

Comme pour ce remettre de cette tendance un peu trop « rapide », She’s creeping est encore plus lente et assume aussi le côté « minimaliste » déjà entamé dans le précédent morceau. On appréciera toutefois ce changement de tempo ainsi que le côté dissonant qui est recherché dans les couplets en opposition au refrain bien plus groovy et séducteur. On notera toutefois qu’à ce moment de l’album, chaque morceau est plus calme que le précédent et on peut se demander où est partie la rage de Royal Blood ?


Look like you know semble prendre conscience de ce défaut et tente de remonter dans le tempo, dans la puissance et l’énergie mais le morceau demeure très « pop ». L’inspiration Muse, très présente dans cet album, se sent encore davantage ici (je parle ici des singles les plus grands publics du groupe). Le morceau est vraiment pas mal mais là aussi on sent que le titre avait été pensé pour être un single potentiel dans la même recette que I only lie when I love you. Je trouve pourtant que Look like you know est d’une bien meilleure facture qui assume justement sa simplicité et qui n’est pas là pour offrir autre chose qu’une énergie accessible assumée.

On a l’impression que Royal Blood tente alors une remontée progressive avec Where are you now qui est encore plus énergique. Le couplet fait monter la sauce avec énergie, le refrain est lourd, puissant et ne recherche pas à être aussi séducteur que le reste de l’album. On a l’impression que Where are you now aurait pu figurer sur le premier album tant il est direct et efficace. Un très bon morceau pour moi, là aussi trop oublié mais qui permet à l’album de respirer et de montrer de la diversité.


Revenant en arrière, Don’t tell est plutôt une balade romantique assez sympathique, sensuelle avant tout mais sans grande envergure outre cela. On appréciera néanmoins cette dimension douce et mignonne. C’est un morceau qui sort de l’album même s’il manque d’envergure.

Hook, Line & Sinker assume un son plus agressif, plus direct, plus violent. Le disque se rapproche du premier album dans sa composition. Très direct, incisif même le morceau est une belle réussite.

Hole in your heart commence avec un son très différent, assez différent du reste de l’album. On retrouve une certaine noirceur. Là encore, comme le précédent morceau, on a quelque chose qui, une fois le pré-refrain très doux passé, veut de l’incisif, un son agressif à souhait. Très inspiré par le premier album, on sent que cette phase vise à montrer que Royal Blood est toujours égal à soi-même. Il s’agit, selon moi, d’un des meilleurs morceaux de l’album qui arrive trop tard pour être suffisamment marqué malgré ses réelles qualités.

Enfin l’album se conclut sur Sleep. Chouette morceau qui sans être excellent cherche avant tout à être une conclusion. Le morceau est intégralement pensé en ce sens et je trouve que c’est plutôt bien fait.



Globalement l’intégralité des morceaux fonctionne. Aucun moment ne paraît être raté, on ne se dit jamais que c’était la composition de trop. L’album est relativement bref et très direct. Il offre assez peu de morceaux réellement violents, encore moins de réelle douceur, finalement le disque est surtout centré vers des tubes accessibles pour les auditeurs de radio, ce que le précédent album ne proposait pas réellement.

Il s’agit donc d’un album où Royal Blood est dans la séduction, mais pour lequel le duo ne se renie pas et parvient toujours à montrer sa patte si particulière, son son si unique.

Pour beaucoup How did we get so dark est l’album de la découverte du groupe et de ce fait est considéré comme étant le patient zéro, la référence absolue. En effet, il parvient à être pop sans renier le côté garage, il est séduisant et agressif.

Fondateur de l’histoire du groupe, si certains considère que Royal Blood a déjà commencé ici à se trahir, d’autres au contraire considèrent que c’est le « dernier » bon album de Royal Blood. Pour ma part, j’estime que c’est le chaînon cohérent entre l’album éponyme et Typhoons et que How did we get so dark est un disque que l’on peut réécouter en intégralité sans aucun temps faible.

mavhoc
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le 15 déc. 2024

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