How To Dismantle An Atomic Bomb fut vendu à l'époque comme leur premier disque de rock'n'roll. Le problème est que le géant U2 peut-il encore faire une musique si brut et direct qu'est le rock'n'roll? Trop réfléchis, trop couteux, les titres de l'album se voient finalement noyés sous une armée de producteurs. "Le mieux est l'ennemi du bien", ca n'a jamais été aussi vrai que sur cet album... Dommage, ils avaient pourtant de bonnes compos.
Une volontée de redéployer les gros riffs de guitares est évidente. Seulement voilà, entre un duo Eno/Lanois trop classique, un Flood trop expérimental, un Jacknife Lee trop electro, un Chris Thomas (Sex Pistols) qui n'a pas su aboutir, U2 ne sait plus vers qui se tourner. How To Dismantle An Atomic Bomb faisant de nombreuses références à l'album Boy, ils appellent le producteur de leur début Steve Lillywhite. Il a pour but de ficeler tout ca, tout en gardant les bonne idées que chaque producteur a pu amener. Au lieu d'en profiter afin d'en démultiplier les sons, U2 ayant une volonté de rester dans le sillage d'All That You Can't Leave Behind finit par atténuer de bonnes chansons prometteuses. L'album a un son étouffé gênant véritablement son écoute.
Dès Vertigo et ses références à Stories For Boys, U2 formate une chanson qui à l'époque de sa démo avait une véritable identité. Sa version finale studio manque de clarté, retrouvant son son de tronçonneuse seulement en live. Miracle Drug est une chanson typiquement d'ATYCLB, du déjà vu mais elle n'en reste pas moins une des rares à faire peu de reproches. Notons la voix de Edge sur le pont, à s'y méprendre à celle de Bono. L'album fut fortement marqué par la mort du père de Bono en 2001. Miracle Drug est un des morceaux principaux de ce thème avec Sometimes You Can't Make It On Your Own, titre datant de 1998. Il leur a fallu 6 ans pour la sortir, et pourtant on a pas l'impression qu'elle soit terminée. Le pont enchainant sur le final théâtral est un grand moment, mais avant on s'emmerde profondément. Le morceau prend un temps dingue à se lancer et c'est bien dommage...
L'album se révèle finalement dans son ensemble des plus classiques à une exception près, Love And Peace Or Else. Ne vous fiez pas à son titre, on la doit à Flood (un des producteurs d'Achtung Baby, mais surtout le principal de Pop) qui a réussit à la faire décoller malgrée qu'elle soit passée dans la main de tous les autres ! Respect... City Of Blinding Lights est le second gros tube de l'album. Il aurait pu devenir le Where The Streets Have No Name des années 2000 sans ses affreuses paroles "Oh ! You ! Look ! So ! Beauuuutiful... Tonight !". Mon dieu, Bono n'a jamais été aussi fainéant. Faut dire qu'il n'a jamais été aussi peu présent délaissant tout à Edge ! All Beacuse Of You en est un autre exemple. Rythmé, sans prétention, rock'n'roll, un solo de guitare assez sympathique,... tout ca gâché par des paroles carrées, fades et inintéressantes. Dommage !
Le deuxième partie du disque ralentit sacrément, entre un Crumbs From Your Table pondu par des quarantenaires ayant bu trop de vin autour de la piscine, ou un One Step Closer reposant sur un réconfort de Noel Gallagher à la mort du père de Bono, ca fait peu pour bâtir une chanson. Seul Origin Of The Species tire ses épingles du jeu. Sans doute la chanson la plus sous-estimée de l'album. Magnifique !
Si le disque dispose de pas mal de bonnes chansons, il lui en manque de grandes ! Noyé sous une armée de producteurs, l'album est trop carré et manque de fraicheur et on se demande si on aurait pas préféré les démos. U2 est trop puissant et réfléchit trop. Pire ils font complètement fausse route en écartant des titres comme Mercy, peut-être l'une des meilleurs chansons de leurs dix dernières années. Hérésie ! Passé à côté d'un grand album, U2 rate le coche. Si le talent est là, la logique c'est pas ca. La forme dérange également, U2 (et surtout Bono) prêche sans fin durant les concerts sur la famine et dans le livret du disque, serre les mains des pires politiciens, arnaque les fans via leur fan club, s'acoquine avec le géant Apple.... Bref, finalement rien de bien rock'n'roll, isn't it ?