Le chef d’œuvre de rock LoFi de la décennie 2010

Depuis quelques temps me poursuit l’envie d’écrire sur des albums que j’adule. Personne ne lit vraiment ces textes mais peu importe. C’est surtout pour moi une manière de tracer mon profil musical à qui s’y intéresserait. J’aime à penser que quelqu’un qui scrollerait sur mes critiques puisse tomber sur des noms comme Acid Bath, Current 93, Modest Mouse, Flamings Lips ou Built to Spill, éventuellement y jeter une oreille et peut être faire de belles découvertes. Et dans cette entreprise un peu vaine, il fallait forcément que tombe le nom de Car Seat Headrest.

Ahhh Car Seat Headrest, quelle formidable découverte ce fut pour moi ! Une histoire d’amour si immédiate que quelques mois après mes premières écoutes, je me suis précipité à Amiens pour les voir en concert (dans une toute petite salle où le groupe a traversé le public pour nous faire des checks, super ambiance !)

Si vous ne connaissez absolument pas ce groupe, et que vous êtes un féru de rock un peu perdu et lassé des nombreuses sorties. Dites-vous que Car Seat Headrest c’est LE groupe qui ressuscite le teen-rock. Rien que ça. En fait, on peut même dire sans sourciller que c’est le groupe qui a sauvé le teen rock. Son jeune leader (Will Toledo) a débarqué de nulle part, a posté seul au fil des années plusieurs albums sur Bandcamp (à retrouver ici). Et malgré la qualité « loFi » de ses premières compositions enregistrées chez lui et dans la voiture de ses parents – d’où le nom du groupe - sa manière d’écrire et l’intelligence de ses compositions ont fait mouche.

Et je vous invite par exemple à écouter Teens of Denial que je tiens comme le meilleur album de teen rock de cette décennie, ni plus ni moins. Un chef d’œuvre. Un album survolté, d’une énergie impertinente et d’une qualité mélodieuse à faire jalouser n’importe quel musicien. Mais ce n’est ni de lui, ni même de Twin Fantasy dont je souhaite parler maintenant. En réalité pour moi le bijou caché de Car Seat Headrest, c’est ce How to Leave Town.

Derrière ce simple EP produit juste avant de signer sur leur label Matador Records se cache en fait un renversant album de rock LoFi aux élans légèrement expérimentaux qui ne me quitte pas. How to Leave Town est un album dans lequel Toledo met tout son talent.

L’album démarre sur The End of Dramanine, un titre puissant, électronique, étrange, à la limite de la dissonance, qui dure presque 15 minutes et qui reste à ce jour le morceau le plus audacieux du groupe. Un tourbillon sonore en guise d’ouverture.

Et ensuite ? Ensuite ce ne sont que des balades absolument merveilleuses dans lesquelles l’écriture de Toledo vise le cœur. Un enchainement d’éclats juvéniles, de balades rock alambiquées, de morceau trompeur comme le fameux America démarrant comme un titre folk banal pour muter tout d’un coup en rock sautillant. Mais le pinacle émotionnel de l’album reste pour moi I Want to Know That I am Awake. Un titre simple en apparence, qu’on pourrait même dire longuet, mais dans lequel Toledo injecte une forme de beauté très pure, très belle, sans qu’on sache comment il s’y prend. Moi je dirais que Will Toledo a le talent de la simplicité. Ses mélodies sont belles, ses compositions sonnent comme des évidences et pourtant elles ont une richesse bien à elles, qui tiennent à la fois dans son song writing unique et dans sa voix rêche, cassée et fragile.

Ainsi, How to leave town est un album dont l’exploit est d’être grandiose alors que sa qualité sonore LoFi est écrasée, étouffée, au point qu’on rêverait d’un réenregistrement comme l’a eu Twin Fantasy. Mais je suis quelqu’un de paradoxal. D’un côté je rêverais d’un How to Leave Town version propre, et d’un autre je me dis que ce son un peu cracra marque les premières années de Car Seat et qu’il n’entache nullement la musique de How to Leave Town. Bien au contraire.

-Alive-
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le 12 janv. 2024

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