Prix de l’Académie Française quoi ! Les mecs vous êtes trop vieux, faut arrêter. Ce prix c’est pas rien, ça veut dire : « on veut que ce soit cette littérature qui fasse école », c’est le prestige français. Et sans déconner, le seul truc qui vaille un prix dans ce bouquin c’est sa couverture. Hopper oblige ! Le reste c’est tous les défauts de la littérature populaire condensés en 800 pages. Déjà, Dicker il est suisse mais il se sent obligé d’écrire une histoire sur une bourgade américaine. Les Musso & Cie font pareil. Les mecs, trop nourris à Stephen King, n’arrivent plus à écrire sur leur pays, ils voudraient être ricains, ne peuvent plus imaginer des intrigues prenantes en dehors des USA par soucis d’exotisme et de fantasme usés sur une culture qu’ils finissent par mieux connaître que la leur.
Mais ce qui est intéressant dans ce bouquin c’est qu’il offre un méta-discours sur sa propre médiocrité. Dicker nous raconte l’histoire de deux écrivains, le vieux Harry Québert et son élève (narrateur) Marcus Goldman. Le vieux a écrit un prétendu chef d’œuvre (mais qui en vrai ressemble à n’importe quelle merde de chez Harlequin) et le jeune écrit sous nos yeux le déroulement de son enquête qu’il mène sur son mentor Harry, accusé d’un meurtre, et cette enquête qu’il écrit se vendra à coup sûr uniquement parce qu’elle est aidée par un énorme battage médiatique. Deux écrivains mauvais mais qui sont soutenus par les mass-medias, c’est comme si Dicker écrivait sur lui-même et sur son livre, et donc quelque part il sait qu’il est médiocre et qu’il la fout profond à tous en recevant le prix des académiciens. Sacré couillon va.
Alors oui, ça se lit facilement, et c’est prenant jusqu’au bout (d’où mes 4 points) parce qu’on veut connaître le fin mot de l’histoire. Mais j’ai envie de vous dire : n’importe quel polar sait faire ça, non ? Cette affaire Harry Québert c’est une detective story comme une autre. Et à la lecture ça ressemble surtout à du Musso qui se serait essayé à du polar, rien de plus. L’enquête que d’aucuns trouvent géniale, traîne tranquillement sa savate pendant 300 pages et profite de ses personnages bébêtes pour prendre inutilement son temps, puis accélère vers la fin, enchaîne les rebondissements tirés par les cheveux pour que le lecteur se sente berné et qu’il croie avoir lu un polar de haut vol, alors que non.
Et bien sûr, il y a ces deux choses horripilantes qui sont la love story entre Québert et Nola, et les conseils d’écriture de Québert (au début de chaque chapitre Harry y va de son petit conseil d’écriture à Marcus, ça fait aussi parti du fameux discours méta). Et ces deux trucs, vraiment, ça décrédibilise Dicker, car le mec ose nous donner des conseils d’écriture alors que deux lignes avant il vient de nous servir ça :
« Vous essayez de me parler d’amour, Marcus, mais l’amour, c’est
compliqué. L’amour, c’est très compliqué. C’est à la fois la plus
extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le
découvrirez un jour. L’amour, ça peut faire très mal. Vous ne devez
pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber
amoureux, car l’amour, c’est aussi très beau, mais comme tout ce qui
est beau, ça vous éblouit et ça vous fait mal aux yeux. C’est pour ça
que, souvent, on pleure après. »
Ou ça :
Elle dansait sur la plage. Elle jouait avec les vagues et courait sur
le sable, les cheveux au vent ; elle riait, elle était tellement
heureuse de vivre. Nola, Nola chérie, sa vie, son inspiration.
N-O-L-A.
- Prenez moi dans vos bras, Harry chéri, lui dit-elle lorsqu’ils furent protéger des regards. Il l’enlaça et elle s’accrocha à son cou,
fort. Puis ils plongèrent dans l’océan et s’éclaboussèrent gaiement,
avant d’aller se sécher au soleil, allongés sur les grands linges
blancs de l’hôtel. Elle posa sa tête sur son torse.
- Je vous aime Harry….Je vous aime comme je n’ai jamais aimé. »
Et je peux en sortir par paquet de 10 des comme ça. Et quand je parlais d’un condensé des défauts de la mauvaise littérature, j’entendais pas seulement vous parler de l’américanisme ou de la guimauve qui suinte à chaque paragraphes, non ! Je pensais aussi à la facilité d’écriture, ou à ces personnages jamais creusés qui font passer cette petite bourgade d’Aurora pour un refuge de déficients. (mention spéciale aux deux nanas – Nola et Jenny - qu’on nous décrit comme des filles merveilleuses alors que leur Q.I est trop bas pour être mesurable).
Et puis la pire tare des mauvais écrivains : tenir le lecteur par la main. On te répète bien les choses. S’il y a un élément qui s’ajoute à l’enquête au détour d’une conversation, sois sûr qu’on va te l’expliquer trois lignes plus loin pour pas que tu sois paumé. Le dernier truc que j’ai lu dans lequel l’écrivain ne faisait pas assez confiance à la perspicacité du lecteur, ou bien était trop con pour éviter de se répéter, c’était Hunger Games. Triste comparaison pour un Prix de l’Académie, non ?
Et le dernier (et seul) prix de l’Académie Française que j’avais lu, c’était Le Montage de V. Volkoff, et putain c’était d’un autre niveau !