Dragons 2 ! Le succès du premier ne pouvait mener qu’à la reconduite de la même équipe pour la production du suivant, et c’est avec un immense plaisir qu’on retrouve John Powell pour accompagner en musique le long-métrage de Dean DeBlois. Alors que le film se voit dynamisé par un élan épique vivifiant, avec bon nombre de nouveaux éléments concernant l’histoire et le monde d’Harold, la Bo suit le même chemin en parvenant à rester tout aussi talentueuse dans ses domaines de prédilection, et à s’enrichir d’épique plus encore que le premier.
Déjà, on retrouve absolument tout ce qui faisait sa force : les somptueux thèmes, la richesse de son orchestration, la fluidité de ses transitions, … La seule écoute du premier morceau "Dragon Racing" exposé dans les 5 premières minutes du film suffit pour s’en rendre compte. Tous les anciens thèmes sont réutilisés (Harold, Stoïck, Amitié, Astrid pour ne citer qu’eux). A l’image d’un HP 2 face à un HP 1, Dragons 2 retrouve son talent et tout ce qui faisait son charme indescriptible.
Mais là où ça devient encore plus intéressant que pour les HP, c’est que même avec certaines mesures réutilisées des séquences d’actions du premier, il y aura systématiquement un effort de réorchestration, ou un travail fait en plus pour mieux valoriser le tout. Par exemple, bien que le début de "Battle of the Bewilderbeast" ressemble à "Battling The Green Death" du 1, les différences sont nombreuses de part toutes les modifications, tous les arrangements qui ont été faits, pour un résultat toujours plus grandiose ! L’orchestre prend encore plus de plaisir à rugir et à nous délivrer ses grandes envolées (ça bombarde au moins 50% du temps), avec ses percussions énergiques, ses cuivres épiques, ses cordes dynamiques, et ses bois au côté très jovial ("Alpha Comes To Berk"). Mais la plus grande nouveauté vient incontestablement des voix, avec leur énorme mise en avant : on connaissait déjà les voix graves qui apportait ce côté dantesque aux séquences d‘actions (dans "Ready the Ships" ou "Battling The Green Death"), mais elles se diversifient encore plus ici : "Losing Mom" et "Hiccup the Chief" se révèlent virtuose de ce point de vue là, arrivant à se montrer efficace quels que soit les registres (sentimental, léger, épique, merveilleux, …).
En effet, en plus du merveilleux que les voix féminines arrivent bien à retranscrire, on jurera entendre des chants japonais dans de nombreux morceaux, qui donnent un bel exotisme à des scènes visuellement époustouflantes. Harold ouvre les portes du monde, ainsi la musique l’accompagne on ne peut mieux, en décrivant bien cet aspect découverte dans des morceaux comme "Valka's Dragon Sanctuary" ou "Flying With Mother". Ce dernier expose de magnifiques motifs repris justement par les voix, ce qui nous mène aux nouveaux grands thèmes.
Bien sûr, un bon nombre est venu au jour, tous très réussis, par exemple, le thème de la Mère et de La Découverte : les deux motifs sont transcendés dans "Flying With Mother", qui se révèle être le "Forbidden Friendship" de cette Bo, qui évoque le merveilleux et la découverte avec sa connotation exotique (chants japonais ?). Également, le somptueux thème de l’Alpha, qui joue un rôle qu’on pourra comparer à celui du thème de Fumseck dans HP 2 : même s’il ne fait pas l’objet d’un thème complet comme pour "Fawkes The Phoenix", ses apparitions sont toujours justes et efficaces dans le film, et décrit une créature aux pouvoirs merveilleux. Et on trouve également ce qui manquait au premier (due à l'histoire, c'est normal), un grand thème de méchant, celui de Drago, magnifiquement exposé dans "Meet Drago" : ce thème est sombre, et possède un excellent motif comportant des intervalles assez particuliers et une tendance chromatique, lui donnant d’une part un aspect sinistre (valorisé par les cordes et des voix graves, irrégulières et mystiques) mais aussi des prédispositions pour les séquences martiales (il se veut très bourrin dans "Battle of the Bewilderbeast"). A noter la splendide gradation dans "Hiccup Confronts Drago" qui accompagne un des grands climaxs finaux, avec ses percussions lourdes et saccadées, et son thème sombre en arrière plan, pour un effet des plus saisissants. Ainsi, avec les magnifiques transitions, John Powell a de plus en plus de thèmes avec lesquels il peut jouer pour ses grandes séquences d’actions, tous arrivant à être remaniés et exploités de moult manières, donnant lieu à de somptueux leimotifs.
Un simple exemple pour montrer la puissance des nouveaux thèmes et des anciens, valorisés par la magnificence de l’orchestration retravaillée, avec toujours de nouvelles trouvailles en plus du premier : "Toothless Found" et "Two New Alphas". Deux véritables tueries. Et ce ne sont pas les seules !
Seul petit point discutable de la Bo , la chanson "Where No One Goes" de Jónsi (il se trouve qu’elle est dans le film lui-même, je suis obligé d’en parler ^^) : au moins, elle se marie bien avec la scène. De nombreux efforts sont fait néanmoins pour la faire se rapprocher le plus possible de l’univers (on remarquera que le thème de l’Amitié entre Harold et Krokmou est restitué en ostinato, ce qui est pertinent), mais de la à l’écouter seul … Bref.
Efficace dans tous les registres comme le premier, Dragons 2 apporte beaucoup de nouvelles choses à l’image du film, tant au niveau de l’orchestration d’une richesse harmonique incroyable qu’au niveau des thèmes qui trouvent une grande puissance, justement grâce à leur exploitation virtuose. L’élan épique est splendide, apportant un soutien parfait aux grands climaxs du film. Une réutilisation intelligente du matériel du premier, avec d’innombrables nouveautés. Un nouveau chef d’œuvre !
