Que du Muse d'origine (of symmetry).
Hullabaloo Soundtrack contient deux CD, sortit en 2002 donc peu de temps après le deuxième album de Muse, retraçant l'épique live du Zénith de Paris sur une galette, et sur l'autre quelques B-sides de la période Showbizienne enregistrés entre 1999 et 2001.
Commençons par le live tiens. Inquiétant tout d'abord avec cette intro cachée de Tom Waits ou il fallait revenir en arrière d'une minute environ pour pouvoir l'écouter, contrairement au DVD live qui commençait vraiment par le début. "What's he building in there ?" permet de bien faire flipper en attendant la venue imminente du groupe, grâce à la voix murmurante et glauque de Tom Waits. "Qu'est ce qu'ils construisent bordel ? Nous avons le droit de savoir..." Puis la guitare électrique intervient telle une alarme assourdissante et continue.
Dead Star fait son entrée fracassante dans une version bêta très réussie, dénuée de ses rythmes cassés. Plus fluide que la version studio, solennelle comme jamais. La voix de Mat, criarde, sur le fil du rasoir mais d'une pureté insaisissable, semble se chercher encore. Mais l'énergie qu'il met dedans n'a jamais été aussi pure et belle que dans ce live. Les cris déchirants lors de Microcuts, la folie et la fusion intenses qu'il met lorsqu'il la fait jouer à cheval sur la molette de l'effet de fuzz sur sa guitare dans Showbiz. On dirait presque un seul et même instrument, c'est assez dingue.
Pour Megalomania, l'émotion est palpable à chaque instant, sans compter la grandiloquence et le côté très théâtrale de la chanson, avec ce son d'orgue merveilleux, et cette ligne de basse imposante. Idem pour Darkshines et Citizen Erased, qui savent alterner les moments doux avec les passages violents. Le son légèrement suraigu renforce le côté déchainé de ces passages justement, même si ça manque parfois d'aplomb. Mais c'est aussi ce qui donne son charme à l'ensemble ce petit manque d'assurance et l'urgence avec laquelle ils jouent. On sent leur musique encore jeune, débrouillarde, un peu brouillonne mais affirmé et vraiment talentueuse.
C'est encore plus vrai pour Screenager et Space Dementia qui suivent et font remplacer la guitare par le piano. Ce qui est dingue c'est que l'énergie du groupe ne s'essouffle pas et continue de surprendre. Le fracas du piano sur Space Dementia est réellement incroyable. In Your World et son riff très "Nirvaniesque" puis des couplets tragiques que le groupe fait si bien faire.
Muscle Museum est quant à elle toujours interprétée très différemment de la version studio. Plus rapide, plus fluide, avec des passages lors des couplets plus murmurés à la voix et plus discrets à la guitare. Mais ce refrain toujours aussi poignant, qui en fait peut être la chanson la plus emblématique du groupe, du moins de leur début. Et cette distorsion sur la voix dans un final ahurissant de densité, inoubliable.
Le live certes plus court que sur le DVD n'en est pas moins excellent et se termine sur un Agitated qui porte bien son nom. Le riff final qui sert d'outro, est culte. Et si on entend bien à la fin, l'enregistrement diffusé en boucle des derniers accords de guitare qui font froids dans le dos, caché derrière les applaudissements et les cris assourdissants des spectateurs, sur fond de sirène d'alarme.
Un live tout simplement inoubliable.
La deuxième galette est une sélection de B-sides vraiment aguichantes, très diversifiée avec mêmes quelques morceaux instrumentaux. Forced In par exemple ou Mat n'utilise sa voix que pour la mélodie, couverte par un effet de flanger bien bizarre. The Gallery aussi, entièrement instrumentale avec un effet de grésillement sur la batterie et des arrangements frais et planants.
Mais cette galette de B-sides recèle d'autant de perles magiques datant d'avant 2002 que de bijoux d'arrangements avec Hyper Chondriac Music, version lente et tragique d'Hyper Music. La tonalité plus basse, la montée plus émouvante, les effets plus lancinants. Une version bouleversante.
Shine Acoustic bien plus réussie que la Shine d'origine, ornée de sons mystérieux ou la petite pluie fine et le son lointain du tonnerre viennent embellir le morceau. La chant aussi est plus délicat. Une vraie merveille.
Bref, vous l'aurez compris, ce double disque est clairement indispensable pour tous ceux qui veulent écouter ce que Muse était capable de faire avant la pop sucrée et la grandiloquence abusée à laquelle le groupe s'est adonné depuis la sortie d'Absolution en 2003.