Masterpiece
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le 31 janv. 2025
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Il y a trois ans, je découvrais Dawn FM, à la fois par volonté de sortir de mon enclave musicale et par envie de découvrir ce qui était vendu comme la nouvelle référence du nu-funk. Cet album avait a priori de bonnes chances de plaire au grand amoureux de musique électronique que je suis. Ce fut un échec cuisant, pour trois raisons: une composition compassée, un déséquilibre entre up-tempo et ballades, et surtout un Autotune hideux qui force l’émotion jusqu’à l’écœurement. Quand son successeur Hurry Up Tomorrow est sorti, je me suis mis en tête de me refaire la fameuse trilogie d’Abel Tesfaye, qui doit signer la fin de son personnage The WEEKND.
Malheureusement, Hurry Up Tomorrow s’avère porter exactement les mêmes tares que After Hours et la seconde moitié de Dawn FM: de la R’n’B consensuelle au quintal, aux apparats vintage tout à fait empruntés. J’ai beau m’y attendre, le chant est toujours aussi désagréable. Alors certes, c’est une nouvelle fois bien produit, les synthés analogiques sonnent bien, les transitions sont toujours fluides et soignées, manifestant une volonté de ne pas se limiter à une structure couplets - refrain. Mais voilà, le revival synthwave et funk eighties reste à l’état de prétexte, et ces trois albums, même dans leurs meilleurs instants, exsudent une lourde impression de déjà entendu et d’artificialité.
L’introductif "Wake Me Up" démarre pourtant bien l’album, commençant par des accords d’inspiration baroque avant d’enchaîner sur un funk ombrageux dans la lignée des bons passages de Dawn FM. Le morceau suivant "Cry For Me" est encore assez réussi, mais l’album fléchit dès "São Paulo", très typé trap mais trop tapageur et redondant pour être efficace. Les deux morceaux sont du même tonneau: rythmés, mais sans composition qui fasse vraiment la différence. "Opening Night" vient quelque peu calmer le jeu, et vient la jolie ballade à guitares "Reflections Laughing". Une dernière bouffée d’air avant les deux derniers tiers qui se limitent le plus souvent à un pénible tunnel de ballades.
Alors, on se raccroche laborieusement à la production chatoyante, à l’une ou l’autre trouvailles sonores, voire à quelques morceaux tels que "Timeless" ou "Big Sleep". À noter la participation de Giorgio MORODER à la production de "Big Sleep"; en effet, ça m’avait échappé à la première écoute mais l’intro de ce morceau contient une brève citation du thème de "Midnight Express" (1978). Bonne nouvelle: Giorgio MORODER n’est pas là que pour toucher son chèque et insuffle son savoir-faire dans les arrangements et l’harmonisation, loin de l’immondice fétide que fut Déjà Vu (2015). Passée l’intro, je ne pense pas que "Big Sleep" s’inspire en particulier d’une ancienne composition de Giorgio – à noter que le refrain de "Take My Breath" (Dawn FM, 2022) était un plagiat de celui de "Call Me" (American Gigolo, 1980).
Alors voilà, on se fait à tout, même à l’Autotune à falsetto (le pire type d’Autotune qui soit – donc logiquement le pire type de traitement sonore qui soit). Par contre, je ne reviens toujours pas de "Enjoy The Show": vers le milieu du morceau, la voix d’Abel Tesfaye est soudain trafiquée pour donner l’illusion qu’il est sur le point de fondre en larmes. Mais quel massacre! C’est parfaitement représentatif de cet album qui est une sorte d’ersatz ultra-transformé de funk: voix bidonnée de partout, effets sonores tape-à-l’oreille, compositions faiblardes. Sur une heure et demie (plusieurs éditions de l’album existent, la plus longue comportant 24 morceaux), c’est franchement indigeste.
Malgré tout, je ne suis pas mécontent d’avoir redonné sa chance à The WEEKND. Ainsi que pour Brat (2024) de CHARLI XCX (dans un autre style), nonobstant tous les artifices de production, tout n’est pas mauvais et on se laisse cahin caha porter jusqu’à la fin.
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il y a 5 jours
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