« I could live in hope » est le premier album de Low, sorti en 1993, à l'époque où ils s'auto-proclamaient encore « groupe le plus lent du monde ». Chez les fan les avis divergent légèrement : certains considèrent cet album comme le meilleur de leur discographie, les autres le prennent plutôt comme un coup d'essai, où le groupe n'a pas bien installé son esthétique musicale et cherche encore sa voie (vers la lenteur et le minimalisme absolu donc). Je serais plutôt de la seconde équipe.
La musique de Low n'est pas encore aussi ascétique et désolée qu'elle ne le sera par la suite (sur « Long Division » et « The Curtain hits de Cast » notamment). Elle retranscrit plutôt une forme de tristesse rappelant fortement Joy Division ou les premiers album de The Cure (deux influences évidentes ici).
La voix d'Alan Sparhawk est encore peu assurée, John Nichols n'a pas autant de retenue que son successeur immédiat Zach Sally et enchaine les lignes de basses plaisantes mais un peu envahissantes. Quand aux chœurs, qui constitueront par la suite la marque de fabrique du groupe, ils sont encore globalement absent. Surtout, la production de Kramer, qui noie les instruments sous des hectolitres de réverbération, a plutôt mal vieilli.
Il n'en reste pas moins qu'il y a de belles choses sur cet album. Le songrwitring minimal du groupe est déjà une force, comme sur Lazy où en guise de couplet, Sparhawk se contente de psalmodier « it's not enough, it's enough for two » chaque répétition renforçant l'ambiguïté du texte : pas assez de quoi, au juste ? D'argent, d'amour ? De bouffe peut-être tout simplement. La chanson est à la fois tragique et banale, on imagine une scène domestique répétée mille fois, dont la gravité - ou la violence - reste à déterminer.
Dans « Lullaby », morceau le plus long et probablement le plus mémorable de l'album, c'est d'abord la voix prenante de Mimi Parker qui est mise en valeur avant que la guitare de Sparhawk ne prenne le relai pour une longue coda intense qui tranche avec la torpeur retrouvée sur le reste de l'album.
Le groupe fait démonstration de son humour sinistre dans « Rope », soit une chanson de 6 minutes avec pour toutes paroles une seule phrase répétée en boucle : « You're gonna need more ». Charmant, et positif. J'espère seulement que cette chanson ne fournit pas la réponse quand à ce qui manquait tellement aux protagonistes de « Lazy ».
Je pense que « I could live in hope » est un bon point de départ pour découvrir le Low des débuts. On y retrouve tout ce qui fait le charme du groupe, qui cherche encore ici à laisser une impression forte à son auditoire. Je ne connais par exemple aucune personne qui n'ait su résister au charme d'une chanson comme « Lullaby ». Néanmoins, c'est un album que je n'écoute pas beaucoup, notamment car je lui préfère « Long Division », la suite qui poursuivra jusqu'à l'effacement la logique de lenteur et de minimalisme adoptée par le groupe.