I Never Learn s’inscrit dans la longue tradition de ces albums censés panser les plaies de l’artiste après une rupture amoureuse ; petite spécificité : plutôt que de se plonger dans une musique triste et glaçante, Lykke Li fait le choix d’une power pop régénératrice. Le chagrin n’est bien sûr pas absent, mais il intervient surtout dans les paroles et la voix aérienne de la chanteuse. À l’inverse d’un Kanye West ressassant sa peine en accablant son ex dans 808s & Heartbreak (tout en n’étant qu’à moitié dupe), elle fait le choix de célébrer l’amour perdu, de le prolonger via les souvenirs en essayant d’oublier la perspective de la vie solitaire qui l’attend. Les chansons prennent alors la forme de mantras entraînants, béquilles servant à maquiller la mélancolie, mais la conclusion est la même que sur l’album du rappeur : là où celui-ci se demandait « Will I ever love again? », Lykke Li choisit la forme affirmative pour déclamer « I’m never gonna love again ». Une façon de confirmer que la puissance pop qui émane de chacune des compositions agit bel et bien comme le pansement que le déchirement amoureux demandait. Et à partir de son histoire personnelle, la Suédoise touche vite à l’universel.