I NEVER LIKED YOU, son 9ème album solo, est encore un peu plus Nayvadius Wilburn; un rappeur qui n’a plus rien à prouver et qui nous balance toutes les versions de lui-même. Sur 50 minutes, où le magnifique côtoie le passable, Future déroule et montre pourquoi il est considéré comme le pape de la TRAP dans son ensemble.
Je m’aperçois qu’en essayant de parler de l’album, mes sentiments n’ont pas beaucoup changé depuis des années.
Future mesure toujours sa douleur dans des gobelets de soda à la codéine sur des titres poignants quand il n'est pas en train de nous briser nuque et cheville sur des bangers claquants et tourbillonnants.
Surtout, (avis personnel), Pluto fonctionne à merveille quand il est tout seul, parce que son image est celle d’un solitaire, un vrai.
Je dirais qu’à part Est Gee, (dont sa participation dans l’excellent “CHICKENS” sied bien au monde de Pluto), Kodak Black, Thug et Gunna, Drake et Tems sont tous des artistes confirmés mais ils restent juste les stars qu’ils sont… Il n'est jamais facile d’entrer dans le monde maléfique de Future.
Et parce qu’il est “Le” rappeur toxique et hautain par excellence, indifférent à tout, son rôle tient mieux la route quand il s’exprime en solo. J’avais les mêmes pensées pour “High Off Life” et, à bien y réfléchir, pour toute sa discographie aussi. Hndrxx s’est toujours mieux débrouillé seul dans la cabine d’enregistrement. Il a toujours prouvé qu'il n'a pas besoin d'aide extérieure pour réussir. Il s'est taillé son propre style et personne ne peut le faire aussi bien que lui. C’est mon constat.
La petite exception qui confirme la règle, ici, se nomme Kanye West. “Keep It Burnin” est une déflagration sonore où même si Ye n’as pas grand chose à dire, la prod d’ATL Jacob saisit les sens et pousse à faire des trucs pas très catholiques. On en ressort essoré!
Pour le reste, on retrouve l’univers sonore que l’on connaît et une façon de rapper bien spécifique avec cette voix rauque dans laquelle il est bien difficile parfois de dire s’il y a ou non de l’auto-tune. Ce que Future a à dire sur son dernier album est assez évident finalement, prévisible, il n'a jamais eu honte d'avouer sa dépression ou son engouement pour les femmes (leur cul surtout) et les drogues, et sur I NEVER LIKED YOU, ses récits continuent d’être sales et choquants.
Le rappeur se présente, comme toujours, dans toutes ses contradictions, orgueilleux et insolent mais aussi vulnérable et imparfait en tant qu’homme.
Niveau production, il faut bien avouer que c’est le haut du panier. Wheezy, Southside, TM88, Dre Moon et surtout ATL Jacob se partagent (avec d’autres) le gâteau. C’est souvent époustouflant comme sur “HOLY GHOST” et “LOVE YOU BETTER”, 2 titres qui avec “KEEP IT BURNIN” place ce fameux ATL Jacob comme une des grandes réussites de l’album.
“I’M DAT N****”, “CHICKENS”, “PUFFIN ON ZOOTIEZ”, “MASSAGING ME”, et “THE WAY THINGS GOING” ont tous un habillage sonore assez irréprochable et parviennent généralement à intriguer avec de subtils changements de ton. L’écoute au casque est vivement conseillée.
I NEVER LIKED YOU est un album qui a les qualités de ses défauts. Il est à la fois irréprochable et prévisible, il a des fulgurances saisissantes par moments et parfois, son intensité est presque étouffante.
16 titres, c'est clairement une profusion, mais la surabondance de chansons crée un pack de qualité qui va permettre aux auditeurs de choisir une poignée de favoris, puisque c’est aussi comme ça que la musique se consomme aujourd’hui.
FUTURE a une formule, depuis longtemps, cela signifie qu'il est inutile de se plaindre d’un manque de spontanéité mais son 9 ème album ne communique pas toujours la même émotion intense et compliquée qui a pu remplir ses chansons par le passé. Et ça…. Ben ça me fait un peu chier de l’avouer.
I NEVER LIKED YOU se veut une énième exposition Future, une représentation de ses nombreuses facettes - superstar, romantique, briseur de cœur, hédoniste - et il ne fait rien que ses projets passés n'aient déjà fait. Parfois en un peu mieux, parfois en moins bien mais quand c’est pour le mieux, il met à genoux toute concurrence, il n’y a aucun débat.
Alors oui, sur I NEVER LIKED YOU, FUTURE est parfois frustrant de cohérence mais il reste, la plupart du temps, ce rappeur remarquable de singularité qui n’a jamais quitté ce sommet qu’il a gravi tout au long d’une carrière assez vertigineuse.
Future est unique.