Imad
4.1
Imad

Album de Theodort (2024)

« Ami, à quoi bon moi, toi, nous tous, vivons-nous ? À quoi bon vécurent nos aïeux ? À quoi bon vivront nos descendants ? Mon âme est épuisée, faible et triste ».

Ces lignes, se révélant instigateur d'un conflit interne, furent écrites par Karamzine. Alors qu'il fallut pour le voyageur russe de lutiner les étoiles des quatre coins du globe pour y parvenir à une telle pensée, il nous suffit qu'à se présenter sous l'austérité de la société moderne pour en faire gage.


Il est permis de s'interroger, et même d'interroger les autres, pourquoi un être qui a vécu comme un cochon a le désir de ne pas mourir comme un chien.

La voilà la réponse que nous donne Théodort : Imad.


Théodort est un ancien youtubeur dont il fallut une si méthodique dépression de la pensée que l'entreprise de regarder plus de 10 min une de ses vidéos. On pouvait le voir ânonner son texte tout en se montrant latutinaire, suçant publicités phonerigamiques sur publicités phonerigamiques ; rien ne pouvait laisser présager d'un tel génie.


On n'a pas un cœur d'airain, ni de pierre, encore moins un cœur de lion, mais un organe rutilant et creux et parfaitement insensible. Imad est là pour nous le transformer en organe conoïde numineux. Théodort est badiné et folâtre, dardant son humeur sur chaque morceau de l'album. Immobile dans un quiétisme éternel, dès les premières notes, nous voilà rasséréné selon l'inventaire des esthétiques de l'Œuvre.


Théodort a élaboré un mouvement sentimental et conceptuel, d'une grande abstraction africaine en dépouillant, en même temps, de son modèle de tous les caractères qui pourraient le désigner et le rendre reconnaissable, en y installant tout un hypogée musical en guise de nefs à destination de ses remembrances de son ancienne vie de youtubeur.


De ceux qui déclarent que l'auteur écrit mal, concourrons-nous à déclarer que ce sophisme est trop manifeste.

La langue française est son orifice excrémentiel. La langue ne se veut point signifiée, encore moins signifiante, elle est altissimement symbolique. En ce sens, Théodort n'est pas du côté de Maupassant, Balzac ou Daudet, mais de l'Imitation du Christ.

C'est la raison pour laquelle ses chants de congrégation nomment le sacré ; c'est le sacré qu'entendent les hommes, non la musique. En définitive, Imad est le « feu non vu, indécomposable. Le rameau du premier soleil » pour reprendre les mots de René Char.

LanaDelKhey
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le 7 juil. 2024

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2

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