Blind Guardian, ou comment enchaîner les grosses tueries
Trois ans et un live plus tard, les bardes reviennent, forts d’un succès grandissant que leur ont assuré Tales From the Twilight World et Somewhere Far Beyond. Vu la qualité de ce dernier, il semblait difficile d’imaginer qu’ils puissent encore monter d’un cran en restant dans le même style. Et voilà que déboule Imaginations From the Other Side, qui ridiculise presque l’album de 1990 et le fait passer non pour l’album de la révélation mais comme celui annonciateur d’un groupe qui ne se contente plus de se faire remarquer mais qui écrase toute concurrence sur la scène du metal allemand, loin devant ceux qu’on faisait passer pour des monstres sacrés comme Helloween. Kai Hansen n’est plus invité, ce serait au contraire la présence de Hansi sur un des albums de Gamma Ray qui permettrait de le mettre en valeur. Le temps des débuts et de la recherche d’identité est bien loin, Blind Guardian joue désormais dans la cour des très grands. Ce n’est pas pour rien que de nombreux fans du groupe considère l’opus de 1995 comme le meilleur des allemands, voire l’un des meilleurs albums de metal « ever ».
Même si je lui préfère son génial successeur, Imaginations... se place sans doute sur mon podium personnel des meilleurs albums des teutons, et ce n’est pas peu dire au vu du reste de leur discographie. Si presque tous les titres de Somewhere Far Beyond frôlaient l’excellence, ils frôlent ici la perfection et, une fois n’est pas coutume, aucun titre ne fait retomber la jouissance qui s’installe dès l’opener éponyme. Difficile de dire quel titre est meilleur qu’un autre, la ballade tendance médiévale est encore une fois réussie, les morceaux sont meilleurs les uns que les autres, restent dans l’esprit de la musique de Blind Guardian par leur côté « hymne épique » tout en sachant moduler les tempos, les ambiances… Il faut toutefois noter quelques titres que je retiens comme au-dessus du lot et sont parmi mes préférés, à savoir « The Script for My Requiem », absolument génial de bout en bout, « Bright Eyes » et, à encore plus forte raison, « Mordred’s Song », peut-être mon préféré de la discographie du groupe (il se bat avec « Time Stands Still » et « And Then There Was Silence », à vrai dire). Et que dire du final, qui heureusement ne signe pas la fin de l’histoire des allemands mais uniquement celle de l’album ? Avec un rythme assez « lent », son ambiance finit le disque en apothéose. C’est d’ailleurs fréquemment que le groupe nous propose des fins assez dantesque, que ce soit ici avec « And the Story Ends », sur A Night at the Opera ou le petit dernier At the Edge of Time. Et finir sur une bonne impression, si ça ne fait pas tout, c’est toujours mieux !
S’il y a des titres au-dessus, il y en a aussi qui sont un peu moins géniaux, c’est sans doute ce qui m’empêche d’attribuer la note maximale à Imaginations.... J’en note deux qui ne me renversent pas autant que le reste de l’album, à savoir l’assez agressive « Another Holy War » ou encore « Born in a Mourning Hall », dont le refrain fonctionne assez bien mais dont le reste est moins marquant. Ce dernier est joué presque à chaque concert (comme pas mal de morceaux du disque d’ailleurs), et je trouve toujours que j’aurais préféré un autre qui me plaît plus, ce qui joue sans doute sur mon appréciation de la version studio.
Bref, si pour moi il ne vaut pas la petite merveille qui va suivre, il est clair qu’Imaginations From the Other Side est un album à posséder absolument si on est fan de Blind Guardian, mais pas seulement bien sûr. En 1995, Blind Guardian se classe nettement parmi les plus grands du monde du metal et n’a rien à envier avec les monstres des Etats-Unis ou du Royaume-Uni. Encore une fois, j’en veux pour preuve la considération qu’il a auprès des auditeurs. Le meilleur, je sais pas, mais une sacrée tuerie, cela va sans dire.