Il y a des raides dingos de musiques éthérées, pleines de spleen et d'instantanés sépia. Ceux qui ne jurent que par une voix emprunte de grande tristesse et d'ardentes introspections. Ceux qui ne se plaisent qu'au travers de lignes mélodiques dénudées comme l'arbre en hiver. Ceux dont le cœur se sert à la moindre ligne de basse humide, aux premiers claviers crépitant comme le petit bois dans la cheminée.
Et puis il y a les autres. Et ceux-là devront passer une nouvelle fois leur chemin devant ce nouvel album de Mariusz Duda (Riverside) toujours caché sous le pseudonyme de Lunatic Soul. Après deux premiers essais franchement réussis, l'un noir (2008), l'autre blanc (2010), ce troisième opus compile des titres non retenus mais achevés, majoritairement instrumentaux, sur des ambiances logiquement portées sur la grisaille.
En se frottant aux premiers bruissements, aux premières intonations incantatoires, la perspective ne change pas. Les démons bipolaires, lunatiques, scrutent l'obscurité à travers des pulsations mécaniques (« Impressions I »), acoustiques (« Impressions II ») avec cette dynamique dans les percussions qui vous scotche dans son ruban de rêve (« Impressions III » et sa guitare très Mike Oldfield).
Quelques rares bruitages en trop ne perturbent pas une très belle œuvre qui peut facilement donner le béguin à l'oppressant (« Impression V » et son final explosif) tant le pouls est ventilé. Avec ses bouffées d'air frais, « Impressions IV » simplement magique de légèreté et « Impressions VIII » romantique à souhait, cet album de compositions de côté est à l'image de Lunatic Soul : curieux, simple, touchant, doté d'un charme constant.
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