In a Silent Way
8.3
In a Silent Way

Album de Miles Davis (1969)

En deux morceaux à la structure classique ABA', Miles inaugure sa fameuse "période électrique". Il n'est pas (encore) question de rechercher le groove à tout prix, pas plus que de s'engager dans des recherches sonores extrêmes sur les instruments électrifiés. La section rythmique n'ose rien d'extraordinaire mais fournit de solides et reconnaissables ostinatos. Le piano électrique de Zawinul, Corea et Hancock - rien que ça - emmène le disque vers des mélopées lancinantes et comme surexposées tandis que la guitare orientalise le tout. Là-dessus vient se poser Miles, unique, parfois relayé par Wayne Shorter au saxophone. On apprécie qu'il joue encore "normalement" de la trompette car sur ses albums suivants il se mue en alchimiste et centre de gravité de la formation d'un point de vue purement spirituel, mais ne taquine plus l'instrument qu'à grand renfort de pédales et d'effets divers.
In a silent way est donc une manifeste réussite pour ce qui est du son et de l'atmosphère. Miles sait où il va - et ne fera que s'améliorer sur Bitches Brew, justement parce qu'ici la fougue, l'audace harmonique et dynamique manquent terriblement.Bien sûr les trouvailles ne manquent pas : le thème du morceau éponyme est égrené par McLaughlin d'une manière inimitable, le groupe s'emballe (un peu) vers la fin des deux morceaux. Mais reste un côté brut, inachevé, expérimental, irréfléchi parfois...
L'album reste sympathique à écouter, bien sûr, surtout le deuxième morceau, plus convaincant tant pour le son que pour l'émotion. La guitare chante, un homme marche sous la pluie, il fait nuit et il fait très chaud. Son pas est aussi régulier que le battement d'un métronome, jusqu'à ce qu'il débouche dans une grande artère où tout le monde le bouscule. Lui fuit en avant, angoissé. Il entend des voix. Personne ne semble faire attention à lui. Il pense confusément puis remarque que le monde s'est arrêté autour de lui. Il pense encore, très fort, incapable de se décider.Puis arrive la ligne de basse, doublée par la guitare. Fa, fa la la sib, do ré fa la, fa ré fa. Le groove enfin trouvé, l'homme retrouve la sensation de ses jambes et peut partir à grandes enjambées. Il n'y a plus personne dans la grande artère ; et ce n'est que lorsque l'homme a quitté la ville qu'il aperçoit une silhouette, au loin. Mais rien ne le presse.
Xangô
7
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le 23 août 2012

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Xangô

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