Un artiste qui cite, parmi ses influence, de grands noms tels que J. Dilla, Radiohead, Bjork, Sade, Burial, DJ Shadow, Portishead, Tricky ou encore Jeff Buckley, ne peut que m'intéresser.
Suffisamment pour m'y attarder et croyez moi, ça en vaut la peine.


De son vrai nom, Jacob Allen, 25 ans, né dans le sud de Londres, partageant son quotidien avec sa copine à Atlanta, à une voix toute particulière, délicate. Il a quasiment, toujours auto-produit sa musique, dans sa chambre, une sorte de mélange Lo-fi Jazz/Electro-Pop/Trip-Hop/Rn'B, un monde sonore sensible très atmosphérique parfois rayonnant, souvent sombre et crépusculaire qu'on retrouve très bien sur ses premiers Eps.


Cependant, sur "In Praise of Shadows", on y ressent plus de positivité et de luminosité. Des rythmes langoureux, des chansons délicates et tendres, euphoriquement romantiques, dont chacune ressemble à une page de journal intime filtrée à travers un objectif sépia.
L’univers de Jacob est nocturne et vibrant à la fois. L’obscurité et le noir mêlés à une certaine clarté dépeignent la dualité poétique de ce projet, en commençant notamment par le titre tiré d’un livre japonais du même nom dont l’auteur est Jun’ichirō Tanizaki. Cet essai est basé sur l’esthétique japonaise et l’appréciation de l’obscurité.


L’intimité de l’album se retrouve immédiatement dans le premier titre "Sweet Dreams" qui ouvre le projet en y annonçant sa couleur et sa dynamique. Inspiré par la musique de D’Angelo et Bon Iver, ce titre vise la recherche d’une certaine stabilité par rapport à un passé difficile avant de tourner la page.
Le deuxième morceau est hypnotique, "Cherish (furs)", marquant l’idée qu’il existe des cycles dans la vie et qu’il est possible de les détruire. Une chanson aux paroles fortes appuyées par un rythme lancinant.
On retrouve cette puissance répétitive de la prod’ dans d’autres titres comme sur "Velvet Leaves" où Puma Blue se met à nu en abordant des thématiques profondes telles que le suicide de sa sœur.
"Snowflower" est un titre thérapeutique se fondant à merveille dans des mélodies cycliques.
Puis, une certaine puissance se retrouve dans "Oil Slick", avec son atmosphère jazz progressif et dansante.
La dynamique de l’album est interrompue à mi-chemin avec le septième titre "Olive / Letter to ATL". On peut comparer ce morceau à un interlude où l’on prend une pause pour mieux écouter ce qui suit.
Le temps et la relaxation sont cruciaux pour comprendre le monde de Jacob.
L’affrontement du passé et de sa vulnérabilité sur "Silk Print" ou encore l’anxiété avec "Opiate" sont des thèmes souvent considérés comme négatifs, mais le jeune artiste londonien arrive à y laisser une touche positive. Il parvient à montrer qu’il est possible de se reconstruire après des périodes de turbulences. Bien qu’elles puissent sembler très obscures, elles laissent un faisceau de lumière qui est bien plus qu’un simple mirage.


Une grande partie de la musique de Puma Blue est peut-être née de l'insomnie, mais "In Praise of Shadows" est prêt à apaiser votre esprit. Le dernier morceau, "Super Soft", capture cela très bien à travers sa voix et son acoustique brumeuses. C'est harmonique et angélique ; la fin parfaite.
Si le reste de l'album est imprégné de crépuscule et d'obscurité, "Super Soft" est le soleil qui se lève, comme un jour nouveau qui vous tend les bras.


Certains pourront qualifier cette musique de trop douce, trop délavée, je pense au contraire que ces chansons ont un vrai caractère, réussissant dans leur subtilité .
Dans un monde de plus en plus chaotique au niveau santé mentale, à une époque où beaucoup d'entre nous luttons contre l'obscurité des nuits blanches, "In Praise of Shadows" est peut-être bien la lumière que vous recherchez désespérément.


Gros coup de cœur.


8/10

BRKR-Sound
8
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le 4 août 2021

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