Bon, difficile d'écrire une critique sur mon album préféré mais on va essayer d'être le plus objectif possible.
Pour résumer rapidement l'historique, Radiohead viennent de finir leur contrat de 6 albums avec EMI, ils produiront donc eux-mêmes ce septième opus, toujours accompagné du génial Nigel Godrich.
Ce que je trouve remarquable avec In Rainbows, c'est la palette d'émotion absolument extraordinaire proposée, envie de danser en plein soleil une aprem d'été ? 15 Step. Fracasser ta tête contre le mur ? Pas de problème Bodysnatchers est là. Tu veux déclarer ta flamme ? Nude... etc etc.
L'album s'ouvre donc sur le génial 15 step, un morceau qui se base sur une clave (motif rythmique d'origine cubaine) en 5 temps avec un mix incroyable organique/électronique. Les variations rythmiques sont vraiment dingues et je trouve les questions réponses batteries/boîtes à rythme excellent. Pour l'anecdote, malgré le fait que ce soit une des instrumentales les plus joyeuses de leur discographie, les paroles de Yorke parle littéralement de suicide, typiquement Radiohead.
Après voilà Bodysnatchers, sans doute le morceau avec lequel j'ai eu le plus de mal au début, puis à force je me suis rendu compte de la patate énorme que je prenais à chaque fois que vient la partie "it is the 21st Centuryyyyyyy". Morceau bien rock, très bon riff à jouer sans modération
On arrive pour moi à l'un des meilleurs enchainement de la musique moderne, Nude puis Weird Fishes/Appergi.
Nude est une superbe balade qui date de l'époque OK Computer, mais c'est finalement en 2007 que cette déclaration d'amour nait sous sa version la plus aboutie. Que dire du crescendo de Thom Yorke à la fin... papapapa
Weird Fishes commence avec une batterie, très rapide à un peu près 150 BPM.
Si vous êtes guitaristes je vous conseille fortement d'essayer de transcrire ce morceau absolument extraordinaire, les harmonies, les polyrythmes entre les appergi c'est grandiose.
La structure du morceau est plutôt spéciale avec deux gros crescendi et un break entre les deux, avec à chaque fois une production juste extraordinaire, faites vous le plaisir d'aller écouter le live From The Basement c'est juste dingue.
En prime on a pour moi les plus belles paroles de Yorke, très énigmatique, j'ai passé plusieurs semaines à réflechir à son sens... "i'll hit the bottom and escape"
C'est selon le meilleur morceau de l'album, et de la décénnie.
All I need est une jolie chanson limite R'n'B avec une très belle outro en crescendo (it's all wrong, it's all right), qui vient tranquillement finir la première partie de l'album.
Faust Arp est une sorte d'interlude mais ça n'en reste pas moins un mauvais titre, il y a notamment un jeu pas évident avec des changements de métrique très intriguant.
On arrive donc au deuxième monument de l'album, le transcendant Reckoner, une partie rythmique plutôt simple mais super fournie, une guitare, et une voix, mais quelle voix.
Reckoner c'est un morceau profondémment beau et enthousiaste selon moi, optimiste, sur un personnage qui a réussi à s'échapper de la noirceur.
On remarque aussi l'apport extraordinaire de Jonny Greenwood qui a pu composer pour l'ocherstre de Londres une partie cordes frottées "qui ne ressemble pas à Eleonor Rigby" selon ses propres mots.
Bref c'est majestueux.
House of Cards est une belle chanson planante, peut-être la "pire", enfin, la "moins meilleure" de l'album, cela n'est évidemment pas un calvaire non plus, et le morceau permet une belle transition vers la fin de cette épopée
Jigsaw Falling Into Place est une sorte de parabole dans cet album qui raconte un date amoureux qui ne tourne pas en la faveur du narrateur. C'est vraiment une chanson que j'apprécie beaucoup surtout pour ses changements d'ambiance. ET SURTOUT c'est un riff exceptionnel à jouer, accordage open pour mes guitaristes, vous allez adorer :)
L'album se termine sur Videotape, une chanson comme un au revoir, ou plutôt un "à bientôt" car on a qu'une seule envie c'est de relancer.
Pour l'anecdote c'est une des chansons dont Yorke est le plus fier car on peut y entendre une illusion rythmique qui ne s'entend pas. Eh oui c'est Radiohead pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer. Evidemment le morceau est très bon de base mais cela rajoute une admiration pour cette sorte d'exploit, appelez ça comme vous voulez. Je vous laisse chercher tout ça sur Youtube pour les plus curieux mais cela nous montre quand même une certaine envie de repousser les limites et d'expérimenter, même dans un album qui pourrait sonner "classique" mais toutefois magnifiquement bon.
Et c'est sur ça que j'aurais envie de finir cette critique, Radiohead pour moi c'est ce superbe mélange de complexité et d'universialité que je ne retrouve que très rarement ailleurs.
Merci pour cette album qui m'a changé