In the Flesh par Joro Andrianasolo
Un ex-Morbid Angel, un ex-Mayhem, un Cryptopsy, pas de doute, c’est un All-Star Band auquel nous avons affaire aujourd’hui. Ajoutez à cela que l’illustrateur Nader Sadek (au service de Mayhem depuis quelques années) donne son nom à cette formation, en plus d’être responsable de tout l’aspect conceptuel. Les attentes sont donc doublement plus élevées lorsqu’on connaît leurs parcours respectifs.
Nader Sadek c’est quoi ? Du death metal, ni vraiment très brutal, ni tout à fait old school dans l’approche. Pour information, In The Flesh a pour thème principal … le pétrole. Voyez-vous, Nader Sadek (l’homme, pas le groupe) est égyptien, il a donc décidé nous en dire plus sur l’or noir qui reste la plus importante source d’exportation pour son pays. Comme si son statut de super groupe n’était pas suffisant, Nader Sadek a invité les copains Attila Csihar (on va finir par croire que c’est Mayhem faisant du death) et Travis Ryan de Cattle Decapitation pour pousser la chansonnette d'un côté ainsi que Tony Norman de Monstrosity et Destructhor (on espère que ce dernier fera des merveilles sur le plus qu’attendu Illud Divinum Insanus de Morbid Angel) qui assurent quelques soli de guitare. En toute franchise, leurs interventions passent un peu inaperçues, celles à la gratte exceptées (superbes soli sur “Soulless” et “Mechanic Idolatry” que ne renieraient pas un Dave Suzuki, voir un Chuck Schuldiner). Dès l’entrée en matière, Nader Sadek annonce un death metal jouant à fond sur l’ambiance sépulcrale. Voilà qui rappelle justement ces mêmes formations dont sont issus les membres du groupe, les vieilles habitudes ont la vie dure ...
Mais l’atmosphère funèbre ne fait pas oublier que les musiciens sont aussi des brutes. Flo Mounier ne fait pas mentir sa réputation avec force gravity blasts destructeurs sur “Petrophilia”. Comme pour ne surtout pas faire oublier l’affiliation à Morbid Angel, de nombreuses plages ambiantes sont disséminées par-ci par là, dans le même ton que les vrais chansons, donc sombres et inquiétantes. Mais il y a de quoi se demander quelle est l’utilité d’en avoir fait des pistes à part entière (“Exhaust Capacitor” et son larsen sans fin) à part du remplissage. Et n’oublions pas le son, très euh … sale, ça se laisse écouter et nul doute qu’une production de ce type est bien adaptée au style voulu, mais … on est 2011 quoi, un petit effort pour que ça soit plus clair n’aurait pas été de trop. Un autre détail vient faire tâche : la messe est dite en une petite demi-heure (26 minutes si on ne comptait que les véritables « chansons » au nombre de 6). Si encore, il n’y avait vraiment que des tueries, ça se laisserait pardonner plus facilement, mais “Of This Flesh” par exemple, traverse les enceintes dans l’indifférence la plus totale. “Mechanic Idolatry” est sauvé de justesse par son solo. Une instrumentale glauque qui confinerait presque au doom vu sa longueur, vient conclure l’album. Et voilà tout est dit.
Se détacher un peu plus de leurs backgrounds respectifs, voilà qui devrait servir de prochain objectif à atteindre pour les membres de Nader Sadek. Un All-Star Band vraiment prometteur, car on sent bien qu’ils n’exploitent pas à fond leurs ressources. Et ils arrivent pourtant à accoucher de compositions dévastatrices (voir les 3 tueries de l'album), c'est dire s'il y a du potentiel. Au prochain tour, lâchez-vous les gars !