Issues. 4 ème album sorti le 16 novembre 1999, est une galette souvent décriée du quartet de Bakersfield. Moins rough, moins raw que ces prédécesseurs, le groupe ne s’enterre pas dans l’explosion enclenchée par Follow The Leader et son rap-métal qui ouvrira la voie à toute la mouvance néo-métal de la fin des années 2000 qui voulaient eux aussi, croquer une part du gâteau.
Oui. En l’espace d’un an, Korn sort deux opus totalement différents : Follow The Leader en 1998, en totale cassure avec Life Is Peachy, montre une évolution vers un rap-métal, bourré de guests (ice Cube, Fred Durst), et Issues. Et c’est de cet album que je vais vous parler aujourd’hui.
En 1999, Korn donne que très peu de concerts (dont le Woodstock 99, ou le quartet est complètement envouté par les 250 000 personnes se trouvant devant eux) pour rester en studio afin de composer le successeur de FTL. Mais Korn, bien que décrié, sort encore une évolution dont lui seul avait le secret à l’époque. Fini les rythmes basse/batterie très pop/disco/posés de FTL, fini les guitares distillant des sons assez « easy listening » : place à des atmosphères lugubres, sombres, un vrai travail sur les mélodies avec un premier pas dans le monde des samples (à petite échelle certes).
C’est un album sombre, quoi qu’on en dise, en totale contradiction avec son ainé.
Car les musiciens explorent, tâtent, essayent et s’enfoncent vers un aspect mélodique (tout reste relatif, c’est du néo-métal hein), plongent complètement dans l’esprit déphasé de Jonathan Davis. Ils ne se content pas de livrer des distos bien fat sur leurs 7 cordes.
Parlons-en de lui. Davis étoffe sa voix, est en possession d’une plus grande palette vocale, l’a fait travailler, tout en gardant l’aspect malsain qui l’a caractérise depuis les prémices de Korn.
Ses textes tournent toujours autour des mêmes sujets : maltraitance, sexe, drogue, alcool, suicide, choucroute garnie. Mais une grosse remise en question est faite par ce dernier, et même le groupe. Certaines chansons parlent en effet de leur petit melon de californien qui a explosé les dernières années : « Beg For Me », « Hey Daddy », « Wake Up » (qui traite, elle, d’une baston entre les musiciens qui s’est terminée dans la rue lors des sessions studios d’Issues).
On commence à noter une dose d’expérimentations sur les interludes figurant sur cet opus. Expérimentation à mi-chemin entre du métal planant, de l’électronique flirtant avec le trip hop « It’s Gonna Go Away », et un univers complètement sombre peint par Davis « Am I Going Crazy ? ». L’interlude « 4 U » est un remerciement de Davis lancé aux fans du groupe.
Bien évidemment un album de Korn sans singles n’en est pas vraiment un. Trois chansons feront office de devanture pour mieux attirer le manant, le badaud, qui a l’époque devait vivre dans une grotte en Ardèche pour ne pas avoir entendu parlé au moins de très loin de ce groupe :
- Falling Away From Me,
- Make Me Bad,
- Somebody Someone.
Cependant, les pépites de cet album se trouvent ailleurs. « Trash », « Counting », « No Way » pour ne citer qu’elles, sont remplies d’un désespoir poussé à son paroxysme (ce n’est pas pour rien que l’album s’appelle « Issues », « Problèmes » en français.
Notons le dernier coup de canon lancé sur « Dirty », dernière piste de cet opus qui cloture ce dernier. La tradition Kornienne voulant finir chaque album par une chanson à un très fort potentiel émotionnel.
Une descente aux enfers programmée. Davis exorcise ses démons avec des paroles fortes comme à son habitude, Head, Munky, David et Fieldy le chamanisant, portant cet album, et le groupe vers une ascension, l’ascension de ces cinq mecs venu d’un soi-disant trou perdu de la Californie et qui durant quelques années vont « marcher sur le monde » . Le début de l’escalade vers leur apogée : Untouchables.
D’un avis purement personnel, et pour cloturer cet article, cet album est au sommet de ma discographie Kornienne (avec Untouchables et l’eponyme). En effet, cette période de 1999/2002 me rappelle énormément de souvenirs, d’émotions vécues lors de la fin de mes années collèges et de ma période lycée « skateur what’s the fuck ».
Très, très souvent décrié par les fans de la première heure (puis aussi parce que c’est marrant de taper sur un groupe qui explose), il n’en reste pas moins une pièce majeur du combo californien, ouvrant la voie à Untouchables. C’est dommage qu’après de telles réussites, ce groupe se soit perdu, comme une merde au milieu des canalisations.
Rien ne vaut l’adage : c’était mieux avant. Car au risque de passer pour un vieux con presque trentenaire, c’est le cas.