Pourquoi la voix caverneuse de John Lee Hooker, pourquoi ses pieds qui tapent en rythme sur une planche en bois, pourquoi son jeu de guitare rudimentaire et répétitif, enfin pourquoi ses "oh yeah baby" incessants - pourquoi tout cela nous plait, c'est et ça restera un mystère.
Et pourtant : quelques notes, quelques rares paroles - car parler est chose grave - qui jouent sur la répétition par dessus le marché, suffisent à produire un sentiment étrange, comme si l'on était dans un cercle qui rétrécit jusqu'à serrer son objet de plus en plus près, ou comme transporté sur une ligne allant crescendo dans l'exact mesure du déroulement de sa voix, du rythme donné par ses souliers, des notes un peu grasses de sa guitare, et de ses "oh yeah baby" qui respirent le Mississippi.
Je me surprend, en écoutant cet album,à me laisser aller, et à tourner de la tête pour en redemander, de ça, ce je ne sais quoi, qui ressemble à l'instant précédent, qui est identique à lui en effet mais qui pourtant le dépasse, le prolonge, le réalise.
Pourra-t-on faire, de ce point de vue, plus mystérieux, captivant et désespérant que Country Boy ? J'en doute.