La pochette dit tout. Dans son premier véritable album solo, Jacques “Crabouif”
Higelin prend son pied. Pour ce dernier opus chez Saravah, il poursuit ses
expérimentations en les rendant toutefois plus accessibles. Et il commence par
une farce sous la forme d’une déclaration d’amour à la reine d’Angleterre, où il
chante dans un anglais approximatif et s’amuse avec des variations classiques de
sa musique folk. Dans “Tiens, J’Ai Dit Tiens”, il déclame ses états d’âme dans
une sorte de kyrielle improvisée sur fond de motifs vocaux répétés
inlassablement. Dans “Je Suis Mort Qui, Qui Dit Mieux”, il s’imagine mort et
s’adresse à sa veuve et son enfant dans un texte bourré d’humour…noir. La
musique repose sur une guitare, et un piano ajoute une certaine mélancolie. La
mélodie est superbe. “Aujourd’hui Blues” est encore plus surprenant, mélange de
free jazz et de poésie éructée sur les occupations quotidiennes des gens. Tout
ceci ponctué de cris de rage ou de folie, qui annoncent peut-être le virage rock
à venir. Le dernier titre est un long instrumental orientalisant avec quelques
vocalises. Dans l’ensemble, un très bon album qui laisse un peu sur sa faim
puisqu’il ne propose que quatre chansons. Le tir sera rectifié 10 ans plus tard
avec la sortie des Inédits 1970.