Jane (Austen) est un groupe allemand des années 70 et non, Jane (Fonda) n’est pas un groupe de krautrock (Parle-t-on de baguetterock ou de cheeserock pour les mangeurs de grenouille ? Cette appellation fourre-tout n’est-elle pas une facilité de journalistes qui aiment tant, et sont en cela bien inscrit dans le paradigme matérialiste et rationnel actuel, à tout ranger dans des cases ? N’est-ce pas un peu désobligeant au fond?). Non, disons-nous, Jane (Goodal) n’est pas un groupe de krautrock. Nous le qualifierons bien plus volontiers de heavy-psychedelic-blues-hard-rock-mesgonades tant les guitares sont ici à la fête. La section rythmique en transe ne démérite pas et le chanteur a un bon grain de voix rock. Ajoutons que les compositions sont de bonne facture (écoutez Early in the morning par exemple) et nous avons là un (très) bon disque. Hélas, mille fois hélas, nous sommes en 1974, Jane (Seymour) est allemand, Neil Young sort On the beach et Lynyrd Skynyrd Second helping, autant dire que la concurrence est rude. Jane (Birkin) devra donc se contenter d’un petit chez soi teuton plutôt que d’un grand chez les autres dans le monde. Et notre plaisir n’en est que plus grand à découvrir, après bien des années de stérilité post-apocalyptique, cette galette, comme un secret bien gardé et réservé aux seuls initiés. En ces temps d’indigence musicale, en ces temps de poux sur la tête de nains juchés sur les épaules des géants, nous empoignons nos pelles et pioches et partons à la recherche des trésors oubliés du passé. Nous creusons sous les pyramides à la recherche de quelques tombeaux oubliés, d’indice de la grandeur passée de cette épisode de la décadence que fut le rock. Nous avons trouvé une pépite.