Jolie Nana, l'analyse littéraire (par Cyclope Espion)

Une fois n'est pas coutume, la chronique ne sera pas de moi, mais d'un éminent musicologue et artiste de ma connaissance, Cyclope Espion, dont le regard sagace et érudit donne une substance inattendue à ce monument de la pop-culture


"Jolie nana recherche joli djo"...


Ici, l'Auteure exprime avec puissance cette incertitude d'une génération esseulée, sans repères, incapable de satisfaire ce besoin de compagnie car pleinement consciente de ses propres travers : comment Être avec autrui lorsque le mot Être n'a plus de sens.


Nakamura invoque ses pères/pairs, reprenant un discours commencé par Roland Barthes et Jacques Derrida. Mais Aya ne s'arrête pas là : elle va plus loin en Féminisant ce discours. En s'asseyant sur son Quad dans le clip, elle s assoit sur ce patriarcat philosophique auquel, certes, elle rend hommage, mais réclame sa place au volant du Quad de sa destinée. Elle affirme son "JE" philosophique, au même titre que les plus grands.


Son propos est sans appel ni langue de bois: Il n est pas question de nier les mensonges de l'histoire, ces mirages socio-culturels fondés sur des a-prioris... ces "mythos"... car oui, Aya n'utilise pas le mot pour rien. Mythes Fondateurs : ceux-là même inscrits dans un cercle où tout se répète à l'infini. Car la destruction entraine la création, qui entraine la destruction et ainsi de suite.


Ainsi, le clip de Nakamura peut être entamé finalement à n'importe quel moment, puisqu'il n'y existe ni début ni fin. La musicienne prisonnière du carcan social (et de la narration) tente de se rebeller, de briser le cercle du mythe, sans pouvoir démarrer son Quad, et donc sans pouvoir quitter ce narratif qui l'emprisonne.


Elle est condamnée à retourner sans cesse se faire faire les ongles, et se faire poser un lapin. Ses "amies" du salon, ce sont des images des Bacchantes qui demandent la tête d'Orphée.


Et le livreur, tel sysiphe poussant son rocher, condamné à tenter de livrer sa pizza pour l’éternité.


Comme si tout cela ne suffisait pas : si l'histoire, tel le mythe, tourne en boucle, il en va de même pour ce qui est du clip à la télévision, et de la chanson à la radio.


Simple coïncidence ? Celles et ceux qui connaissent et comprennent le génie d'Aya Nakamura ne s'y méprendront pas.


Le Rendez-Vous est pris aux Victoires de la Musique.


(Dans la même collection je propose aussi: - "Le Nouveau Prolétariat : Constructions & Dé-Constructions Marxistes dans l'Oeuvre de Julien Doré", -"Moi Aimer Toi : Post-Colonialisme, Confusion et Quête Identitaire chez Vianney",...et mon dernier ouvrage qui vient de sortir: - "Le Fruit Défendu de la Pop Française, Pomme : Images bibliques & Pansexualité au 21ème siècle".....tous publiés chez 'Golio Poche'. (Suite à la pandémie, j'ai malheureusement dû annuler ma conférence qui aurait dû avoir lieu le mois dernier et qui s'intitulait "Pour une Lecture Lacanienne de Louane").

Liehd
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le 8 oct. 2020

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2

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Je trouve déjà que le thème de la chanson est un peu trompeur. Aya Nakamura est tout de même un gros boudin et elle répète cinquante fois que c'est une "jolie nana". Ça colle pas. Pour une meuf "pas...

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