La définition du cool en 2010

Faire péter les cours pour rapper entre potes, se marrer et profiter de l’insouciance de la jeunesse.

Voilà à quoi ramène chaque écoute de “K.I.D.S.” (Kickin’ Incredibly Dope Shit), la mixtape de Malcolm James McCormick qui lui a valu une renommée certaine et une place aux XXL freshman, aux côtés de Kendrick Lamar, Meek Mill, Big K.R.I.T. et YG.

C'était un immense honneur pour lui.

Avant ça, son morceau Boom-Bap jazzy et joyeux "Live Free", extrait de sa mixtape “High Life”, lui avait valu une grosse attention sur Youtube, un endroit où il s'est construit un large public, en capturant ce que les gens aimaient chez lui : une image cool du rapport à la vie avec une attitude légère et optimiste. L’exact sens contraire de la prise de tête.

C'est à cette époque d’ailleurs, qu'il a acquis suffisamment de reconnaissance pour signer chez Rostrum Records, un label avec lequel il restera pendant 5 ans, qui comprenait un Wiz Khalifa en vogue.

Le 13 août 2010, Mac Miller a donc sorti sa 4ème mixtape, “K.I.D.S.”

Un projet qui rappelle ce que c'est vraiment d'être un gamin. Par contre, bien que jeune et innocent dans sa nature, rien à ce sujet ne montrait un manque de savoir-faire. Mac savait vraiment rapper, il avait du talent et n’avait pas peur de le montrer.

En tout, 6 clips, devenus viraux, ont accompagné K.I.D.S. et atteignant des dizaines de millions de vues sur Youtube. Un phénomène qui commençait tout juste à devenir une tendance sérieuse à l'époque, quelque chose qui le distinguait de tous les autres rappeurs. Au sujet d'accompagner une grande partie de sa musique avec des vidéos, Mac était en avance sur son temps. Il est devenu l'un des meilleurs artistes hip-hop sur la plateforme au début des années 10, ce qui a entraîné la création d'une énorme “Fan Base” en ligne.

"J'étais au bon endroit au bon moment" avait t il déclaré.

Le nom de la mixtape vient du film préféré de Mac Miller, “Kids” (1995) de Larry Clark, un véritable chef d'œuvre du cinéma américain indépendant, le plus grand “Teen Movie” de l’histoire, tout simplement. Tout au long de la mixtape, il y a des morceaux audio du film insérés dans différentes chansons.

Parmi les chansons qui méritent une attention particulière (à mon humble avis), se trouve le premier morceau "Kickin' Incredibly Dope Shit (Intro)" qui commence par un monologue sur le fait de faire ce qui vous passionne. Mac reprend un extrait du film susnommé. Sa passion, la musique, remplace le sujet initial, le sexe. Puis il se met à rapper sur un rythme doux et des envolées de violon produits par DTSpacely, un des beatmakers fétiches de Rich Homie Quan. Il lâche des lignes sur le souhait de réussir, de profiter de la vie et surtout de rester jeune avec cette ligne prémonitoire “Being young so fun, I don’t ever want to age”

J’aime “Outside”, produit par son pote Sayez, où Malcolm commence à rapper presque nonchalamment, c'est tellement décontracté. Au fur et à mesure que la chanson progresse, il reprend le tempo de son rap. Son flow est évident, un plaisir à écouter, on imagine aisément le sourire qui accompagne Mac. Un refrain magnifique et de superbes paroles en font une ode à l’insouciance et la légèreté de la vie.

Comment ignorer “Nikes on my feet” qui est pour certains la première chanson entendue de Mac Miller. Le rythme Boom Bap génial, ce velouté de clavier et la fameuse ligne répétée en fond sonore qui vient d’un remix de “The World Is Yours” par Nas himself, le tout mélangé à la capacité de Mac à cracher des superbes rimes, crée un morceau absolument jouissif. La façon dont Miller rappe, encore une fois, est la définition même du cool. Un classique.

"Senior Skip Day" est une autre très bonne chanson de cette mixtape. Le rythme rapide et festif qui lance le titre donne le ton pour le reste. Les paroles de Miller sont délicieuses à l'oreille. Il parle de tout, de la bouffe, des filles à la marijuana. Un autre extrait sonore du film sert de clôture.

J’adore “Paper Route" qui voit le seul invité, Chevy Woods accompagner Mac pour une excellente collab. La Prod de Sayez a quelque chose d'héroïque et mature qui va très bien avec les paroles sur la réussite et la fortune.

J’aime aussi beaucoup “Good Evening” avec ce “Ho ho ho hooo” en fond sonore qui vient de la voix de Lloyd, invité sur “A Night Off” de Drake. Le flow de Mac est superbe, c’est le titre qui a la plus belle écriture.

La reprise de “25 Lighters” de DJ DMD qu’est “Ride Around” est une petite dinguerie.

"Kool Aid & Frozen Pizza" est certainement l'une des meilleures chansons de la mixtape. Les paroles se mélangent bien avec le rythme de “Hip 2 Da Game” de Lord Finesse. Elles montrent sa créativité et sa grande capacité à rimer tout au long de la chanson. Quel plaisir à écouter!

Pour finir, “Poppy” est une chanson que j’ai appréciée avec le temps, cette lettre à son défunt grand-père est touchante sans être larmoyante avec un rythme soyeux et encore et toujours ce sentiment insouciant qui traverse tout le projet.

À l’époque de “K.I.D.S.”, Mac Miller était encore Malcolm, ce gamin de Pittsburgh qui était innocent, optimiste et bon vivant, voulant le bonheur autour de lui. Il avait profondément cette philosophie.

Son équipe était sa vie. ses potes ont tourné ses vidéos. Ils ont produit ses morceaux. Ils étaient ses figurants. Sa famille était un sujet constant dans ses raps. Il rendait la jeunesse amusante.

Bien sûr qu’il devait faire des conneries. Bien sûr qu’il devait trop fumer avec son clan. Bien sûr, ses parents ont dû se fâcher. Et bien sûr que ses professeurs lui ont sûrement dit que ça n'allait pas marcher. Mais qui s'en souciait? Pas lui.

C’est ça qu’on ressent à l’écoute de cette fabuleuse mixtape.

Mac y raconte, de son point de vue, une histoire à laquelle beaucoup de jeunes peuvent s'identifier. Loin du rap agressif et ténébreux sur la drogue et les règlements de compte, c’est tout le contraire, c’est solaire et léger, c’est optimiste et flegmatique, la définition du bonheur juvénile.

En fait, écouter “K.I.D.S.” c’est avoir la sensation de traîner avec le gamin le plus cool du lycée.