Ki
7.2
Ki

Album de Devin Townsend Project (2009)

Il est 1h07 du matin. Je tombe par hasard sur une de mes vieilles critiques concernant l'un des albums de la tétralogie du Devin Townsend Project. Tiens, pis y'en a d'autres. Une pour chaque (excepté Epicloud que je considère comme à part). Bon, lisons ça. Wow, c'est nul. Faut dire que ça doit bien dater. Ah ouais, c'est carrément gênant là.


Ni une ni deux, n'écoutant que mon courage nocturne, je me décide à les réécrire TOUTES...


...à commencer par ce Ki, premier album de ladite tétralogie. Alors pour commencer, on va replacer les choses dans leur contexte. En 2007, Devin Townsend est lassé de l'industrie musicale. La drogue commence vraiment à lui fêler le casque et il vient d'apprendre que sa femme attend un enfant. Il décide de terminer son album-concept Ziltoid the Omniscient pour ensuite se retirer de la musique et rentrer en cure de désintox. Pendant deux ans, on n'entend plus parler de lui. En 2009, il surprend tout le monde en annonçant non pas un, non pas deux, non pas trois, mais bien QUATRE albums à venir dans les deux années qui suivent. Ki, l'entrée, en douceur. Addicted, le premier plat de résistance. Pop, déjanté, très adolescent dans sa démarche. Deconstruction, le second plat de résistance, beaucoup plus copieux, dur à digérer. Outrancier, extrême, complètement fou. Ghost, le dessert, tranquille, joyeux, bon enfant, paisible.


Penchons-nous donc sur Ki.
Premier détail qui frappe tout de suite l'auditeur : çépaviolan. On n'a presque que des guitares clean, avec une production toujours très propre. Devin ne crie que rarement, privilégiant ainsi son tout aussi magnifique chant clair. Et puis il faut aussi dire que cela lui permet d'exploiter de nouvelles influences. L'ambient, forcément, est au rendez-vous. Même s'il s'y était déjà (pas superbement) essayé avec Devlab et The Hummer, là c'est du sérieux. Cet aspect vaporeux va façonner l'image si particulière qui différencie le DTP du DTB et des autres albums solo de Devin : la sérénité. Nous avons ici un homme clean, bien dans sa peau, qui en a fini avec ses vieux démons. Plus mature peut-être. Cependant, il les ressuscite le temps d'un instant, sur plusieurs morceaux comme "Gato" ou "Heaven Send", venant troubler les mélodies tranquilles tout en gardant malgré tout un équilibre incroyable.


La maturité de Townsend se retrouve aussi beaucoup sur les paroles. Il aborde son passé avec un recul et une honnêteté qui forcent le respect. "Trainfire" évoque son adolescence mais aussi son addiction pour les films pornographiques, pour le sexe en général. Dans "Lady Helen", il évoque la mort de ses grands-parents (le nom de leur bateau était Lady Helen) avec une émotion juste énorme. Le texte de "Quiet Riot" vaut également son pesant d'or. Ca fait vraiment plaisir de le voir serein, même si on adore ses moments de folie.


Ki, c'est aussi un album nocturne. Townsend l'a toujours dit. C'est déjà un vrai bonheur de l'écouter le jour mais le plaisir est multiplié par dix la nuit. On passe par des mélodies superbes, des ambiances hantées, des coups de rage impressionnants et des riffs plus entrainants, mais toujours en gardant une certaine cohérence renforcée par la lucidité de l'écriture. Un retour en grande pompe.

toothless
8
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le 15 févr. 2014

Critique lue 247 fois

5 j'aime

toothless

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