Forget about useless fucking hope...
Année 2002. 3 ans après la bourrasque qu'était Pale Folklore, il est à nouveau temps pour Agalloch de faire jouir nos oreilles avec leurs mélodies boisées entrecoupées de passages Black Metal purement dévastateurs et mélancoliques. Une tâche difficile au vu de leur précédent opus : une tornade ébouriffante de maitrise et de tristesse. Mais ne partons pas défaitistes, il ne faut pas oublier qu'Agalloch est un groupe extrêmement talentueux.
Mesdames et messieurs, voici la deuxième perle d'un très belle discographie.
Des percussions martiales et une guitare. C'est avec ces deux principaux instruments que débute le disque. Un disque visiblement placé sous le signe de la misanthropie. Si ce sujet n'était abordé que par bribes sur Pale Folklore, il constitue ici la composante principale de l'album. En effet, The Mantle incite à l'isolation. Pale Folklore semblait nous retenir prisonniers d'une forêt enneigée, alors qu'ici on nous laisse partir, s'enfuir, loin... Selon les membres du groupe, The Mantle est en fait bourré de références à la ville de Portland et s'écoute en suivant une boucle bien définie dans les hauteurs de ladite ville, passant par des chemins de fer abandonnés et une rivière. Quoi qu'il en soit, The Mantle s'écoute avec plaisir lors de n'importe quelle ballade dans la nature, ou simplement pour déprimer un bon coup.
Car si Pale Folklore laissait entrevoir quelques éclaircies d'espoir, The Mantle est plombant de solitude. On y trouve beaucoup moins de parties Metal mais plus d'accalmies méditatives. John Haughm a considérablement amélioré son chant clair et il nous en fait largement profiter sur des morceaux comme "...and the Great Cold Death of the Earth", par exemple. Difficile de réellement décrire la musique du groupe sur cet album, mais pour ceux qui se poseraient des questions, je vous conseille d'écouter "In the Shadow of Our Pale Companion", monstre de 15 minutes très représentatif de l'album et qui justifie à lui seul l'écoute de ce dernier. Les paroles sont tout aussi touchantes, profondes, déprimantes et déprimées. "A Desolation Song" sonne comme le coup de massue final, enterrant définitivement tout espoir, et quand l'album touche à sa fin, on est totalement lessivés, vidés, engourdis dans la solitude dans laquelle cet album nous a mis.
Armés d'une production bien plus correcte que celle de leur précédent full-length, les gars d'Agalloch nous pondent l'un de leurs albums les plus inaccessibles (pas autant que Marrow of the Spirit, mais pas loin) et progressifs. Cela vient peut-être de la diversité assommante des influences citées par les membres du groupe pour ce bijou : entre autres, Joy Division ! Allez savoir...