Album hivernal par excellence, The Mantle du band américain Agalloch, brouille les pistes pour réinventer un son unique. Rock noir aux accents progressifs, Dark folk aux accents métalliques, Rock progressif aux accents noirs ? Folk-Doom-Black-Prog ? si tout est vrai, rien ne l’est. Agalloch est d’abord un band de Black Metal car il scream, et peu importe, ce qu’on trouvera de progressif à ses structures, l’audace de ses arpèges, sa guitare acoustique, chant clair savamment dosé, ça scream.
La neige, le grand blanc. Un cerf, une zoopsie hiératique à, je crois, Portland. Un cerf et des morts, le grand blanc, une voix claire brillant par sa pureté, une voix saturée terriblement profonde, semblant tout droit sortir de l’au-delà, communient avec les esprits, avec la mélancolie d’être, la mélancolie de mort.
Et un leitmotiv, qu’on retrouve tout au long de l’album, comme une déclinaison de motifs centraux, comme la neige qui tombe, perpétuelle. Mille flocons en apparence identiques, en apparence seulement, car leurs structures varient. Aux accents folk-médiévaux de In The Shadow of Our Pale Companion, à la froideur gelée de And The Great Cold Death of The Earth, en passant par leur restructuration dans Odal, The Lodge, etc. Moins d’intérêt porterons-nous aux breloques progressives un peu death de I Am The Wooden Doors. Cela ne gâchera point notre bon plaisir, d’être, immergés comme nous sommes, dans la blanche mélancolie de l’hiver.
L’ensemble fait montre d’une multiplicité d’approches, non dépourvue d’une évidente virtuosité, et force maîtrise de ses moyens. Œuvre de la maturité ? plus grand album BM américain ? Je signe sans peine. Et qu’à pourtant l’apprécier il m’aura fallu, le trouvant, au départ, trop « aératif », c’est-à-dire qu’il dégage une impression de vide, là où un autre album froid, hivernal, tel que At the Heart of Winter d'Immortal possède une approche plus dense, les séquences folkloriques eussent achevé de me terminer.