Cet album date de 1969 ? Quoi ? J'ai dis une bêtise selon vous ? Et bien non bordel de merde, ce putain d'album révolutionnaire date bien de la période hippie mais cette fois-ci, les ramollos du micro de Jefferson Airplane sont retournés bien gentiment gober des pilules magiques dans leurs petits vestiaires et ont laissé la place à un son venu des bas-fond burnés et, prêt à cracher la prose révolutionnaire, de Détroit.
A la fois semi-comique, semi-politique, le MC5 nous offre, ici, un avant-goût de tout ce qui influencera, par la suite, les Stooges, et à plus longue échelle, les Dead Kennedys, les Sex Pistols ou mieux encore, les Clash. Lester Bangs (surement l'un des plus grands mais surtout subjectif Rock-Critic de l'histoire des Rock-Critic, et, accessoirement, un héros pour moi) n'avait pas hésité à détruire l'album à sa sortie dans un papier pour Rolling Stone le déclarant comme une oeuvre prétentieuse, bordélique et qui se ressemble de pistes en pistes mais heureusement, ce dernier changera d'avis concernant ce groupe bordélique, sale, un peu niais sur les bords mais surtout, et c'est peut-être le plus important à retenir dans le MC5, libre. Libre de dire "fils de pute" sur son album, libre de faire un son tellement saccadé que les Daft Punk chieraient dans leurs frocs en écoutant une production, live certes, mais foutrement dégueulasse, comme si la guitare s'était embourbée dans une sale merde qui l'empêche de donner un son claire. La batterie, elle, est bloquée en mode "TAPER TAPER TAPER" comme un fou incapable d'arrêter de se frapper la tête contre une table, sur ce coup-là, Keith Moon peut ranger ses baguettes et repartir pour un nouvel album.
Les paroles, un mélange de soit-disant bons conseils de vie de prolo' paumés, ça vole pas haut mais c'est le son, et uniquement le son, que le MC5 réussit à s'inscrire dans l'histoire. Comme le Velvet Underground ou les Doors, le MC5 a réussit à faire un pied-de-nez à tous les courants musicaux populaires et toutes les idéologies hippies qui faisaient fureur à l'époque pour s'écarter de cette masse, produire un son qui tape et rentrer dans l'histoire comme un groupe en-dehors de son époque.
Cet album aurait pu être produit en 1972 ou 1975 voire même 1978 mais non, le MC5, déjà en 1969, avait tout compris, c'est par la dureté de l'accompagnement que le message qui est énoncé à travers le texte résonne plus fortement dans la tête des gens. (Après, que le groupe se soit allié aux White Panthers, faut voir, c'est un autre débat...)