L'écoute de la bande originale de Killer 7, jeu complètement barré sorti sur Nintendo Gamecube et Playstation 2, n'est pas de tout repos : le côté criard des mélodies de ce qui est à la base un jeu vidéo, certes poignant, aura tôt fait de nous casser les oreilles. Certains morceaux ressemblent à ceux illustrant des menus de jeux de voiture ou de sport, d'autres sont lancinants jusqu'à l’écœurement ou au mal de tête, placés hors contexte. Et pour moi qui a joué à Killer 7 il y a longtemps, sans en comprendre la plus grande partie, et sans avoir mémorisé la plupart de ses niveaux ou situations, je me retrouve avec un bidule disparate aux airs électro-jazz dans le meilleur des cas, ou avec des musiques de jeu vidéo dans ce qu'il a de plus insupportable. Ainsi en est-il du premier CD en tous cas. Le deuxième et dernier CD démarre sur des chapeaux de roues : d'une musique en fond sonore dans le jeu, pendant la descente d'un escalier toujours identique qui mène à un "hub" en forme de parking souterrain, probablement pour camoufler un chargement, on a un authentique morceaux de discothèque bien entraînant. (Rave On) Je trouve ce morceau d'autant plus intéressant que malgré sa discrétion en jeu, je l'avais remarqué et m'étais amusé à l'écouter en entier dans ce fameux escalier, non sans avoir monté le son au préalable. Ce fut donc d'agréable retrouvailles. Je déconseille cependant de l'écouter en boucle, c'est l'erreur que j'ai faite et maintenant il m'interpelle moins. Mon préféré restera sans doute celui du niveau de la zone résidentielle (Santo Domingo je crois) de pays chaud : l'extraordinaire de cette scène banale nous donne l'impression d'avoir une lucidité hors du commun, ou autre pouvoir mental. Peut-être est-ce l'effet que procure le voyage ? Regarder le commun avec des yeux étrangers. Le morceau qui suit immédiatement, White Sugar, m'interpelle rien que par son nom, qui me ferait tendre à le considérer encore plus : j'aime le sucre, le sucre blanc, et ce petit air jazzy tout à fait dans le ton du précédent morceau m'emmène très loin... et dans ma cuisine. Restent les morceaux attachés à la caricature de sentai, toujours plaisants, et ceux qui ont attrait aux twists de fin, notamment lorsque le héro découvre sa vraie nature dans une sidération totale.