King of New-York

Avec des invités très bien choisis et bien sûr, épaulé par le producteur Hit-Boy, Mr Nasir Bin Olu Dara Jones est allé à l'essentiel sur "King's Disease", sans bavure ni égratignure, en proposant un nouvel album incroyablement séduisant.

Si vous le connaissez bien, vous savez bien qu'avec le passage à l'an 2000, les albums de Nas ont été souvent marqués d'irrégularités et surtout de mauvais choix. C'est-à-dire que même si Nas reste l'un des meilleurs rappeurs et paroliers, la majorité de ses propres choix ont conduit à une quantité d'albums que je pense oubliables. Ce qui nous amène à son principal défaut, Nas n'est pas si doué pour être directeur artistique, en particulier dans le choix de ses prods. Alors oui, il y a toujours des exceptions dans sa discographie qui contrediront mon argument, mais après un examen complet de sa discographie, je pense que vous finirez par être convaincu.

Donc c'est peu de dire que rien ne m'avait préparé au vrai retour du Roi de New-York.

Sur "King's Disease" Nas a obtenu tout ce que nous voulions de lui.
Tout d'abord, il trouve un flow percutant, maîtrisé et réfléchi, libérant son charisme légendaire. Comme cité au début, il y a un chef d'orchestre et une poignée d'autres producteurs, qui ont tous fait de leur mieux pour que Nas soit au meilleur de sa forme. En plus d'offrir des rythmes fantastiques, Hit Boy a su personnaliser les rythmes, les sons en les adaptant pour que le flow de Nas soit suffisamment fluide et pertinent, pour que son écriture puisse s'exprimer à sa vraie valeur en donnant à ses mots un certain punch.

Les rythmes varient entre des moments vraiment agréables de beats simples, d'instrumentaux ralentis et jazzy ou de boucles au son classique. Nas semble rapper sans effort dessus, bien plus qu'il ne l'a fait en travaillant avec Kanye West sur Nasir .

Parlons aussi des invités si bien choisis.
Sur "Car#85" Charlie Wilson accompagne Nas dans un délicieux voyage dans le passé,
Don Toliver et Big Sean est une décision excellente pour "Replace me", un bijou.
Lil Durk prouve sa popularité grandissante sur une instru incroyable qui va aussi bien à lui qu'à Nas.
Paak, on l'imagine facilement, un dimanche ensoleillé, des lunettes de soleil sur le nez en voiture, vitres ouvertes, aux côtés d'un Nas tellement à l'aise.
"Full Circle" est une claque rap, Nas retrouve The Firm, Az est incroyable, Foxy Brown est épicée et même Dr Dre vient lâcher quelques vers en guise d'outro.
Et enfin, Nas vient prouver qu'il peut toujours suivre cette nouvelle ère du hip-hop new-yorkais en invitant Asap Ferg et Fivio Foreign à finir en beauté.
Mais ne vous y trompez pas, seul, Nas touche parfois la grâce avec de réelles fulgurances comme sur le fier "Ultra Black", le tellement trop court "27 summer", le brûlant "10 points" ou l'exceptionnel "The Cure" à la production transcendante.

"King's Disease" est le meilleur album de Nas depuis très longtemps. Il est l'un des plus grands noms du Hip Hop de tous les temps, et il n'a plus rien à prouver, mais avec "King's Disease", il montre au monde entier qu'il a le doigt sur le pouls de la culture, qu'il est toujours pertinent et capable de séduire nouveaux publics à la fois.
Avec ce partenariat aux côtés de Hit-Boy, il semble ravivé de manière créative, il n'a pas peur d'examiner le monde qui l'entoure de manière critique en livrant un album séduisant et percutant.
Au cours de la dernière décennie, il aurait peut-être été difficile de croire Nas s'il disait qu'il était toujours le roi de New York, je vous l'accorde.
Mais "King's Disease" pourrait très bien vous faire croire, aujourd'hui, que le trône est à nouveau le sien.

8/10