En 2004, j'ai 12 ans. Je rentre au collège et très vite, malgré l'ennuie et la morosité que ma vie inspirerait à un possible biographe, un élément important se met en place : j'aime le rock. Je découvre la musique à travers le rock. Mais attention, un rock ultra-commercial réalisé par les grosses maisons de disques. Il me faudra attendre presque une décennie (un peu moins quand même) avant de retrouver ce que j'écoutais tout enfant : les Rolling Stones, Louis Armstrong et Queen. J'ai 12 ans, je suis un inculte qui aime le rock et ne comprend rien aux textes.
J'ai 12 ans et je suis le parfait public ciblé par Kinito. La Maison de Disque fut pour moi et beaucoup de mes amis un véritable hymne. Son introduction à l'harmonica, sa guitare rapide et aux accents punks, son chant facile à saisir. Tout me parlait.
Je ne suis pas sur d'avoir découvert Kinito à 12 ans pile, peut être à 13 … Je suis certain, en tout cas, d'avoir écouté ce groupe durant tout mon secondaire. Enfin écouter, en sommes les singles La Maison de Disque et J'sais pas danser.
Sauf que les années passent et il est quand même temps de regarder ce que ce groupe avait à proposer. Un premier constat est de voir à quel point le groupe fut une sorte de pompe à fric. En effet, on sent la production très lisse, les textes simplistes au possible, n'ayant qu'un but : faire dépenser les kids. Le son est simple et sans recherche. C'est d'ailleurs, pour les amateurs du groupe, un fait reconnu : ce fut un groupe remâché pour offrir un punk vendable, loin des groupes punks qui ne se produisaient que dans des salles de 50 personnes.
Les accents punks sont donc disponibles pour l'auditeur, de même que le côté hip-hop qui se limite à quelques rares scratchs, servant souvent d'introduction. On notera une agressivité qui laissent également supposer une influence metal. Les morceaux sont sans profondeurs et manquent souvent de textes réellement travaillé. Ainsi George évoque, avec presque un certain cynisme étant donné l'aspect commercial du disque, le fait de se vendre pour devenir une star. Le problème c'est que les paroles se mélangent et si l'idée principale passe bien, les détails ne sont pas perceptibles et on doute de ce dont le morceau parle réellement.
Ce genre de problème est très fréquent dans ce disque. J'passe mon chemin, Maîtresse ou encore I love you because souffrent des mêmes problèmes.
Indiscutablement, le disque possède trois temps forts, les trois singles. Le premier ouvre l'album est ironise sur le manque de rock que la Star Ac' donne à la France. Célèbre succès du groupe, au-delà de la nostalgie on peut quand même souligner l'ironie du morceau.
J'sais pas danser rigole encore sur le côté rockeur. Clairement il parle à un public composé de jeune qui ne savent pas danser et qui passent leurs samedi soir à pogoter en concert. Sans prétention, là encore le titre rentre vite en tête.
Regarde est une petite balade plutôt jolie où l'on voit bien la maîtrise vocale du groupe (notamment des choeurs) mais qui souffre, là encore, d'une absence de cohérence dans les paroles. Les back du refrain semblant vraiment gratuit, ayant juste pour but d'être jolis mais non intelligent. Seul single que je ne connaissais pas lors de la sorti de l'album c'est finalement un des morceaux que j'ai appris à aimer.
L'album est rempli derrière ça de morceaux plutôt médiocres ou sans profondeurs, parfois avec de réels sujets. Dans la première catégorie on retiendra le Supercar, sorte de tentative infructueuse de copier les titres les plus agressifs de la scène américaine pour les conducteurs du dimanche. Dans le même genre de raté on a Dans un Champ, assez peu audible et même franchement gênant à l'écoute qui est pourtant la seconde piste.
Dans la seconde catégorie, des titres écrits à la va-vite et manquant de profondeur, on retiendra Football qui cloture l'album et est une critique de la beaufitude. Cependant, d'une certaine manière le morceau a un écho sincère au punk, tel que le titre précédent José Bové, plutôt drôle qui ironise sur la mal-bouffe et sur le fort prix de la nourriture prétendue saine. Dans les paroles, José Bové est peut être un des rares titres un peu intéressant.
Il faut dire qu'à côté de ça, on a Lolita qui est déjà un beau raté ennuyeux pour la musique mais dont les paroles donnent franchement envie de relire Verlaine en pleurant sous la couette.
Pourtant, tout n'est pas à jeter dans ce disque et c'est peut être le plus surprenant. Déjà les lignes de chants sont souvent plaisantes. Et même si c'est produit pour rentrer vite en tête, ça fait passer un bon moment.
Malgré les faiblesses de certains passages du texte, Georges dénote par sa composition très agréable et sa sonorité un peu piquante. On appréciera aussi Dix ans déjà qui s'envole littéralement dans les refrains et évoque l'ennuie de la vie normale et régulée d'un adulte. Comme je l'ai dit, les trois singles fonctionnent bien. Et I love you Because est assez marquant par son agressivité.
Kinito fut un groupe éphémère qui n'a offert au monde qu'un seul album. Un album remplit de morceaux écrits à la va-vite mais certains dénotent une certaine sincérité touchante là où d'autres semblent presque cyniques. C'est simple, pas très intelligent certes et plusieurs titres sont franchement mauvais (Lolita, Dans un champ, Supercar, Football) voir moyens (Maitresse, J'passe mon Chemin) sans jamais tomber dans le très bon malheureusement.
Cela dit, le groupe est un bon défouloir, un moment agréable qui permet de faire kiffer les kids. Alors oui, ce n'est pas du grand rock, et ma note le montre, mais comment en vouloir à un groupe qui a su offrir une musique sympa à des enfants qui ne demandait que ça ? Ainsi, ce 3/10 est rempli d'amour.