Il s'est fait attendre ce disque, ça oui, 6 ans depuis Le Chant des Sirènes, 6 ans que l'on attend un nouvel album solo, alors bien sûr on a eu droit à deux très bons albums des Casseurs Flowters, un film et une série, mais c'est pas pareil, l'album solo c'est encore autre chose, une sorte de confirmation.
Et ça valait la peine d'attendre, parce qu'en 6 ans Orel a changé, nous aussi et ça se ressent.
La Fête est finie, mais qu'est-ce qu'elle était bien, La Fête est finie c'est la suite logique, pas un album qui ambiance les soirées mais le final de la trilogie débutée en 2009 (!) qui nous présentait un jeune plus vraiment adolescent mais encore un peu quand même, avec des sons qui parlent des jeunes vu par un jeune, un mec qui voit la société à sa manière et qui trouve que franchement, parfois c'est d'la merde. Le Chant des Sirènes c'était plus propre déjà, le gars a grandi, mais il est toujours un peu ado rebelle, avec des responsabilités d'adulte.
Là ça continue encore, fini les soirées trop alcoolisés, fini les meufs à draguer, fini la fête. Y'a toujours les mêmes thèmes, mais cette fois c'est un adulte qui parle, un mec qui s'est accompli mais qui n'est pas satisfait pour autant, parce que c'est les rêves et les envies qui nous font avancés, Orel il est devenu célèbre, il fait de la musique, des films et c'est ce qu'il voulait, sauf qu'il a 35 ans et plus on vieillit, plus on a des regrets, la célébrité c'est pas comme ça qu'il l'imaginait, faut faire face aux fans, aux médias, mais y'a la vie privée aussi, vouloir pendant des années avoir les filles que l'on veut, et quand ça devient possible ça n'a plus d'intérêt, discuter de sa vie avec une famille qui nous ennuie et ne comprend pas notre situation, du coup les problèmes d'avant se transforment et deviennent plus actuels, mais ça reste des problèmes. Orel c'est un mec nostalgique, qui aimait bien rêver de son futur mais qui n'arrive pas à le vivre.
En cela on obtient un album franchement cohérent si on fait l'impasse sur Basique (qui aurait dû rester un morceau d'annonce) et Christophe (ft. Maitre Gims, qui n'est pas mauvaise mais dénote avec l'ambiance générale), le reste est vraiment très bon (même si Bonne Meuf et La Lumière auraient pu être viré aussi), avec des instrus qui surpassent clairement ce qu'a pu faire Skread sur les 2 volets d'avant.
Le morceau d'intro, San, nous présente l'évolution du personnage et nous offre l'un des sons d'Orelsan les plus réussi, mais le meilleur reste à venir. La Fête est finie est là pour conclure l'ambiance des albums précédent, Tout va bien c'est mon coup de cœur, entièrement chantée elle nous représente un peu tous, en train d'essayer de ne pas penser aux problèmes, encore moins aux problèmes des autres et franchement, ça touche. Défaite de famille c'est un peu le craquage, c'est pas facile d'être entouré de gens trop différents de nous, qui n'ont pas la même vision des choses, n'ont pas les mêmes goûts, les mêmes passions, voir pas de passion du tout, c'est encore pire quand c'est la famille. Quand est-ce que ça s'arrête et Zone (ft. Nekfeu et Dizzee Rascal, très bon comme prévu) c'est un peu un condensé de ce que j'ai dit avant, les problèmes d'aujourd'hui, les remords, tout ça on veut que ça s'arrête. La Pluie (ft. Stromaë) et Dans ma ville on traîne c'est typiquement les morceaux nostalgiques, il ne vit plus à Caen, mais se souvient de tous les bons moments passés la bas, qui ne sont plus que des souvenirs : "A chaque fois qu'ils détruisent un bâtiment, ils effacent une partie d'mon passé".
Et le meilleur pour la fin, Paradis et Notes pour trop tard (ft. Ibeyi), c'est deux-là elles font mal, vraiment. Paradis c'est une déclaration, ou plutôt une confirmation d'amour, la vie avec la personne qu'on aime c'est le plus important, plus rien à foutre du reste, on fait ce qu'on a envie, quand on a envie. Notes pour trop tard c'est le final en apothéose, 7 minutes dans lesquelles Orel se parle à lui-même, au lui du passé, pour lui dire de faire attention à sa vie, sauf que c'est trop tard, mais peut-être pas pour ceux qui écoutent, avec un discourt qui peut paraître bateau mais qui, avec le temps, devient réalité : "T'as juste besoin d'une passion […] faut qu'tu t'mette à fond d'dans et qu'tu t'accroches longtemps, si tu veux faire des films t'as juste besoin d'un truc qui filme, dire "j'ai pas d'matos" ou "pas d'contact" c'est un truc de victime".
Et c'est ici que se conclu l'album, en toute logique le truc s'arrête avec un mec qui n'a jamais aimé les conseils mais qui va en donner parce qu'il a grandi et que maintenant il comprend : "Le seul remède, c'est l'temps".