Fleshgod Apocalypse, derrière ce nom à consonance barbare pourrait se cacher du Brutal Death Grind bien poisseux et rugueux, il n’en est rien ! Les Italiens délivrent un death survitaminé bourré ras la gueule d’orchestrations et de nappes de pianos. Et oui, on trouve autre chose que du power/sympho en Italie. Après un relatif début de carrière en sous-marin avec un premier album “Oracles” suivi de l’excellent EP “Mafia” qui tirait plus vers le Death technique, la signature chez Nuclear Blast pour la sortie de “The Agony” a agrandi le cercle d’influence du groupe ainsi que sa notorieté.
The Agony était un album sans concession où les orchestrations étaient portées par un rouleau compresseur de double pédale. “The Violation” représente très bien les gimmicks stylistiques du groupe.
Une certaine diversité dans les tempos et les ambiances aurait pu profiter à l’album, est-ce que ces défauts seront présents dans ce nouvel opus ?
Et bien la réponse est mitigée. L’album a les défauts inhérents à ces qualités. Je vais commencer par les choses qui fâchent, la baisse constante de la qualité des parties typées metal. Depuis quelques années c’est un constat, dans la majorité des cas l’apport de plus en plus massif d’élements orchestraux se fait au détriment du reste. Fleshgod est avant tout un groupe de Death technique et c’est regrettable de constater qu’une fois les orchestrations enlevées il ne reste plus qu’une trame rythmique basique, bien loin des compositions qu’on peut trouver sur l’EP Mafia. Certes l’inclusion de nouveaux éléments rognent forcément sur d’autres, mais il faut bien faire attention à ne pas trop appauvrir le reste sous peine d’avoir un album mal équilibré. Ce n’est pas encore entièrement le cas de Labyrinth, mais je pense que le groupe a atteint la limite de ce qu’il pouvait faire sans commencer à glisser sur la mauvaise pente.
En contrepartie l’album est massif et puissant à l’image de son prédécesseur. Articulé autour du mythe de labyrinthe de Cnossos et des personnages qui s’y rattachent ce nouvel opus peut être découpé en deux parties distinctes : la première moitié et la seconde, bien moins accrochante. Dès l’introduction le thème et l’ambiance sont posés : un personnage semble courir (dans le but de s’enfuir ?) puis franchi une porte. Les orchestrations d’abord ténues se font de plus en plus présentes, puis la partie metal arrive et c’est parti pour 50min !
On retrouve assez vite la patte du groupe avec une batterie très rapide parsemée de longs passages à la double pédale, un chant bien hargneux et rapide qui happe l’auditeur et ne le relâche qu’à la fin de la piste pour mieux le reprendre à la suivante. Les trois premières pistes tiennent leurs rôles à merveille, c’est accrocheur et direct, ça laisse un bon petit sentiment de puissance qui donne envie de remettre le CD au début. Une piste instrumentale vient couper l’album en deux apportant une pause bien venue après tout ce déchaînement de violence. Bien que la première partie soit quasiment un bloc compacte, des solis de guitare et des pauses dans le chant viennent aérer les compositions. La reprise est cependant beaucoup moins inspirée et tonitruante. Les quatre dernières pistes bien que sympathiques prises séparément restent en dessous du reste de l’album et entachent un peu la fin de celui-ci.
En conclusion Fleshgod Apocalypse signe avec Labyrinth un album convaincant avec quelques défauts comme une seconde moitié un peu moins inspirée que le tonitruant début. On peut légitimement se demander quelle sera la suite, le groupe ayant atteint je pense la limite de ce qu’il pouvait faire sans tomber dans le grandiloquent lourd et pompeux. La réponse dans environ deux ans !