Last Rites par Benoit Baylé
« Bobby was the first, you know ».
Si Scott Weinrich, alias Wino, leader de formations aussi essentielles que Saint Vitus ou The Obsessed, pense que Bobby Liebling était le premier, outre-Atlantique, à dédier sa vie pour le hard/heavy metal, qui osera le contredire ? Les faits lui donnent raison : depuis 1971, le leader de Pentagram écume les terres sombres du rock accompagné de sa seule persévérance. Quatre décennies, six albums et des milliers de concerts plus tard, le groupe poursuit sa croisade, contre vents et marrées avec Last Rites, sa dernière contribution.
Pour Show’em How, Liebling était accompagné de trois membres d’Internal Void. Il était prévu que pour Last Rites, ses compagnons soient Russ Strahan (Black Mass), Mark Ammen (Awaken) et Gary Isom (Valkyrie). En réalité, l’année 2010 avançant, le line-up mue peu à peu en Liebling/Griffin/Turley/Tomaselli, faisant de Pentagram une sorte de Place Of Skulls bis. Il faut noter que Last Rites marque le retour discographique de Victor Griffin à la six-cordes, poste qu’il n’avait pas occupé depuis Be Forwarned (1994).
Cette nouvelle ne peut être qu’appréciée avec bonheur pour tous les connaisseurs de Pentagram, qui savent bien que parmi la flopée de guitaristes ayant officié en son sein, Griffin reste le plus talentueux, le plus charismatique et le plus représentatif du son Pentagrasmique. Pour ceux que Toni Iommi déçoit depuis The Mob Rules, l’ami Victor représente une parfaite alternative, qu’il s’agisse de ses actions dans Place Of Skulls (avec ou sans Wino) ou Relentless, Day Of Reckoning et Be Forwarned.
Parmi cette glorieuse liste, Last Rites ne dépareille pas, loin s’en faut. Pour faire court, c’est l’album de Black Sabbath que tout le monde attend depuis Heaven And Hell (le groupe). Les chansons sont caractéristiques de la sonorité que l’on appellera « sonorité Liebling », cet incroyable mélange de heavy au tempo lent et de doom au tempo rapide. Le moustachu fou en a fait sa marque de fabrique, avec persévérance il se sera battu pendant quatre décennies pour le faire fructifier au sein des communautés doom/stoner grandissantes. Depuis peu, Pentagram s’installe en tant que référence dans cette catégorie, pour preuve la masse significative s’étant accumulée dans la tente Valley lors de son passage au Hellfest 2012. Ovation méritée puisque du reste, les chansons de l’album/phœnix sont accrocheuses, les riffs tapageurs, les soli tranchants et vifs, le chant possédé. Certaines prennent même l'allure d'hymnes (« Call The Man », « Into The Ground », « Everything's Turning to Night », « Windmills and Chimes »…). Du Pentagram comme de plus en plus, mais encore trop peu, l’aiment, l’adorent, l’idolâtrent.
Dio mort, le Sabbath mal en point, le sombre outsider malchanceux devient peu à peu leader étincelant… Il n’est jamais trop tard.