C'est l'histoire de quatre nanas espagnoles. Quatre filles dans le vent qui aimaient bien faire la bringue avec leurs potes toute la nuit en écoutant leurs idoles du rock indé (tous les Black Lips, Ty Segall, Strokes, Vaccines, Pastels, Mac DeMarco etc). Un jour le petit combo hispanique se mit une idée en tête : faire leur propre rock pour composer elles-mêmes la bande son de ces soirées folles. Ni une ni deux, Carlotta, Ana Garcia, Ade et Amber s'achètent un set wock'n'woll, guitares basse batterie, louent un garage et commencent à faire du bruit. Aucune d'entre elle ne sait vraiment jouer mais peu importe, elles savent bien qu'une partie de leurs modèles n'avaient pas la moindre idée de comment tenir un instrument. Elles chantent pas juste non plus, mais après tout ce bon vieux Stephen Malkmus, king of cool, savait-il chanter lui ? Le truc, se disent-elles, c'est d'avoir l'air d'en avoir rien à foutre, de ne pas se prendre au sérieux et de faire cracher l'ampli sur le magnéto tout pourrave (car leçon n°1 : le bon petit indé adore la lo-fi).
Problème : comment se débrouille-t-on pour faire une musique volontairement inconséquente qui ne finisse pas par être involontairement oubliable ? Voilà une question que Hinds rechigne de toute évidence à se poser.
Soyons bien d'accord sur un point : tout ce qui est écrit ci-dessus est inventé de toute pièce. Je ne sais fichtre rien de l'histoire du groupe, il ne s'agit que de l'image d'elles que je me fais d'après leur musique. Très concrètement, Hinds joue un garage-rock très orienté surf-music, aux forts accents twee-pop. Et le tout passé à la moulinette lo-fi, donc. Très bien, pourquoi pas ; le soucis c'est que Leave Me Alone présente tous les signes d'une maladie très répandue dans le milieu du spectacle : la sensation éphémère.
On a ici une recette éprouvée depuis maintenant quelques décennies, le rock criard nonchalant joué à la cool sans véritable technique, de quoi faire danser dans les soirées de monsieur Durand. Mais rien de plus... Là où le bât blesse, c'est que Hinds ne montre pas vraiment un quelconque talent de songwriting. De vous à moi, les douze chansons de Leave Me Alone c'est un peu toujours la même chose. Deux accords, trois si on est chanceux et puis c'est marre. Sans véritable matière à proposer derrière leurs gimmicks, Hinds ne subsiste que grâce à ces derniers ; c'est grâce à la bonne humeur et aux hooks (riffs, cris en choeurs, lo-fi croustillante) qu'on sort plutôt jouasse du premier contact. Mais dès la seconde écoute on se lasse.
Et un constat tragique : je sais pertinemment que je ne reviendrai plus vers Leave Me Alone une fois rédigés les derniers mots de cette chronique. J'aurais aimé finir sur une note plus positive en spéculant sur une musique qui rendrait mieux en live grâce au côté fun, énergique et tout, mais comme je suis tombé tout à l'heure sur une session KEXP sur laquelle le groupe débarrassé de ses atours lo-fi devenait carrément mollasson, je n'en ferai rien et préfère me contenter de leur conseiller à toutes les quatre de revenir avec leur garage twee quand ce sera la saison. Parce qu'on est en janvier et qu'on se les pèle bordel.