Classique parmi les classiques, voici une énième critique qui vient encenser l’album « l’Ecole Du Micro d’Argent ». 3ème album du groupe, enregistré en partie aux states sous l’influence du Wu-Tang Clan (avec Prodigal Sunn et Royal Fam qui poseront sur le morceau « La Saga »), il devient disque d’or seulement deux jours après sa sortie et est aujourd’hui disque de diamant avec plus d’1,6 million d’exemplaires écoulés, ce qui en fait le plus gros succès du rap français.
IAM c’est deux rappeurs phares, Akhenaton et Shurik’n, l’image du groupe, à la voix et aux textes atypiques. Dans leur ombre il y a Imhotep et Dj Kheops, respectivement à la composition et aux platines, qui produisent les instrus légendaires qui font reconnaitre des morceaux comme « L’Empire du Côté Obscur » dès ses premières notes. Finalement il y a Freeman, aujourd’hui séparé du groupe, qui apparait peu sur l’album, et ce n’est pas plus mal car son flow est inégal.
« L’Ecole du Micro d’Argent » c’est 16 pistes dont pas une n’est à jeter à la poubelle. En faire un classement reviendrait à une question de goût et de couleur cependant les amateurs de rap s’accordent tous pour dire que la piste « Demain c’est loin » en est le morceau incontournable, classé en première position du top 100 des classiques du rap français réalisé par l’Abcdr du son. Divisé en deux couplets de 9 minutes sans refrain, Shurik’n et Akhenaton laissent exploser leur talent poétique (apparemment écrit d’un seul jet), en usant de l’anadiplose (chaque phrase commence par le mot précédent) pour l’un et des phrases nominales pour le second.
L’album aborde plusieurs thèmes, si certains sont sérieux et tragiques d’autres sont plus légers mais toujours travaillés dans le style. Akh et Shurik’n sont des sociologues en baskets qui décortiquent avec précision les problèmes inhérents aux banlieues et aux sociétés contemporaines (spectateur du désespoir). Ainsi sont traités les thèmes des inégalités et de la délinquance juvénile (« Nés sous la même étoile », « Petit frère ») en passant par les faits divers qui se banalisent (« Un cri court dans la nuit ») mais avec des références aux arts-martiaux et aux philosophies asiatiques (« Un bon son brut pour les truands », « L’Ecole du Micro d’Argent »). Le morceau « Chez le Mac » fait l’apologie de la langue française façon proxénète ou pour IAM la rime est leur « pute » mais ils rappellent également qu’écrire c’est être engagé avec « Dangereux » ou ils affirment avoir subi des pressions pour dénoncer des réalités (« mettre un miroir en face des gens, ça, ça les dérange »). Finalement Fabe et feu East apparaissent sur l’excellent morceau « l’Enfer », ou les MCs prouvent que le rap est unit et n’a que faire de l’opposition Paris-Marseille.
«L’Ecole du Micro d’Argent » est peut-être l’album le plus incontournable du rap français, qui a propulsé IAM au sommet de la pyramide des meilleurs MCs de l’hexagone, leur conférant le statut de représentants des banlieues avec un message à passer. Un message qui touchera beaucoup de monde, car il n'est pas fait pour cent personnes mais pour des millions.