Je suis avec l'école du micro d'argent
« ...Une musique pas faite pour 100 personnes mais pour des millions... »
De part son titre, ce 3ème album de la bande de Marseille peut paraître légèrement prétentieux. Pourtant, un album a rarement aussi bien porté son nom. Un micro d'argent qui vaut de l'or. Il m'a fallu du temps pour le préférer à « Ombre est lumière » mais aujourd'hui j'estime qu'il est le meilleur album du collectif phocéen.
Tout d'abord, « l'école » comporte une chiée de tubes devenus classiques parmi les classiques alliant instrumentaux travaillés et intelligence lyrique. « Nés sous la même étoile » dont les violons prennent toute leur dimension dans le live des 20 ans du groupe aux pyramides. Avec un clin d'œil à la « vie de rêve » de Tony Montana en conclusion. « Petit frère » et l'utilisation judicieuse de la phrase « Life as a shorty shouldn't be so ruff » du Wu-Tang. En parlant du Wu-Tang, comment ne pas mentionner cette « saga » et son instru monstrueuse au piano. Le trip qu'ils se tapent avec « l'empire du côté obscur », sorte de remake du morceau d'ouverture de l'album en version « Star Wars ». Deux titres aux paroles guerrières mais tellement jouissives. Principalement, les couplets d'Akhénaton qui atteignent des sommets. Tu te sens invincible quand tu les écoutes. Même un titre à l'instru très dépouillée comme « Regarde » s'en tire assez bien grâce encore une fois à des paroles de qualité. Mais également, le cri de la chouette sur le « bon son brut pour les truands » dont le refrain est accompagné d'un fond sonore digne d'un film de mafia. Avec en prime et pour la toute première fois, l'apparition de Freeman posant un couplet donnant un bon coup de fraîcheur au passage. Et enfin et surtout, le monumental « Demain, c'est loin ». Le titre parfait. 9 minutes d'enchaînements de paroles dont le flow coule tout seul et parvient à éviter le risque de monotonie d'un sample passé sans arrêt en boucle. Le chef d'œuvre du rap français, c'est lui. Cultissime et anti-thèse de la musique commerciale. La meilleure manière de conclure ce grand album. Encore maintenant, je reste persuadé que Joey Starr a dû ressentir une énorme frustration à l'écoute de cette bombe. Son complexe d'infériorité vis-à-vis d'Iam n'est plus à démontrer. Jaloux, jamais il ne sera capable d'assurer une telle écriture. Seul le MC Solaar des débuts y arrivait. Aujourd'hui, j'entends Booba, la fouine, Sefyu, Diam's, Soprano s'autoproclamés comme étant la relève ... je repense à « l'école du micro d'argent » et je deviens nostalgique. La nouvelle école, ça pue.
J'aurais pu mettre 10 mais le texte ni intelligent ni drôle de celles qui donnent leur corps avant leur nom et le flow poussif me bloque. Enfin pour terminer, je regrette qu' « Independenza » ait remplacé un an trop tard « Libère mon imagination ». Ce dernier est satisfaisant mais inférieur à son substitut qui lui est un autre tube en puissance. Mais puisque « Libère mon imagination » était là en premier, à la sortie de l'album en 1997, j'estime qu'Independenza n'en fera jamais partie. Dommage.
« Nous sommes des racailles intelligentes » disait Chill à la télé au tout début du groupe. Modeste, « racailles » était de trop dans sa phrase.
IAM, c'est NTM avec un cerveau.
La tuerie : « Demain, c'est loin »
Le titre qui sert à rien : « Elle donne son corps avant son nom »