Je dois commencer par vous avouer certains de mes secrets : d'abord, je sais compter.
J'ai eu les cheveux longs pour ressembler à Robert Plant.
Et j'adore ces paires de jeans.
Sex symbol élancé... ... ...
Quand je découvre Led Zeppelin, je dois avoir 17 ans (oui je sais c'est tard !). Avant ça, mes oreilles étaient bercées du blues de J.L. Hooker, Muddy Waters, Slim Harpo, Sonny Boy Williamson. Bref, je suis tourné plein vent vers le blues de Chicago.
Quand je tombe sur une pochette d'album qui attire mon regard : celui de la catastophe du dirigeable Hindenburg en 1937 qui prend feu avant d'exploser.
Tout un programme ! Une pochette d'album et un nom de groupe qui m'impose de l'écouter, d'autant plus que je reconnais les titres de quelques standarts de blues.
Allons-y.
Dès les premiers riffs, je ressens que j'ai à faire quelque chose de nouveau sans pouvoir encore le nommer.
Pour l'instant j'écoute.
Un style qui va sûrement repousser les limites du rock.
En résumé, des blues puissants (2- Baby, I'm gonna leave you, 3- You shook me, 8- I can't quit you, baby) qui vous font remonter les bretelles du pantalon et de jouer les bonhommes. Pas la peine de les chercher, les jeunes anglais maitrisent leurs racines musicales.
"Dazed & confused" (n°4 sur l'album), annonce un futur mal dénommé. Tout d'abord une ligne de basse descendante, ensuite un solo de guitare avec un archet. Le titre sera étiré jusqu' à son ultime souffle lors des concerts.
Sans le savoir, j'assiste à la naissance d'un nouveau monde, Terra Incognita.
Un style que les spécialistes (que je ne suis pas) définiront comme étant du heavy-métal.
Pour moi, ça reste et ça restera du rock fortement imprégné de blues.
"Communication breackdown" (n°7) m'inflige un châtiment par flagellation. Un riff cinglant qui me fouette le dos. D'abord, je résiste puis je me laisse faire avant de plonger dans la frénésie sadique de l'autoflagellation
Car Led Zeppelin, c'est aussi très sexuel. C'est ça qui me plait aussi !
L'album se termine par 8'30.Une fulgurance qui assène un coup de tête à la face : ça pique aux yeux, on porte ses mains au visage et on ressent comme un étourdissement.
Moi, ça me l'a fait.
Un blues de toute beauté qui associe une première partie très jazz-rock à un pont vertigineux où la voix de Plant s'accorde à la guitare de Page. Ils sont à l'unisson, une seule voix : 1+1 = 1.
Pour finir, le chanteur aura le dessus sur le guitariste en étouffant dans un dernier murmure : "sight !".
"How many more times", qu'il s'appelle le morceau.
En 1969, Led Zeppelin 1 atterit comme son ancêtre de 1937 : dans un fracas de métal et de gaz explosif. Un premier album tatônnant mais qui fonde leur style.
Un album (d)étonnant mais qui ne brûle pas les doigts : c'est juste une série d'explosions qui atomisent le monde du rock.
Un style, fruit de leur écclectisme musicale,de leur perfectionnisme et de leur complémentarité.
Une section rythmique extraordinairement musicale : Jones s'illustre par un jeu saturé et groovy. Bonham inscrit sa légende dans le marbre fissuré du rock.
Il façonne devant nous un jeu technique, puissant, ambitieux. Avec un frénétisme "controlé mais libre".
Plant signe son pacte avec le Diable au son d'une voix aigüs et puissante. Sensuelle.
Jimmy Page, en grand timide, se concentre sur son jeu époustoufflant de virtuosité. Il est tout accaparé.
"On est entré en studio et on a enregistré ce qu'on était à ce moment là". (J. Page)
Si le dirigeable devait à tout jamais exploser, si je devais garder qu'une seule pièce de cet aéroplane majestueux, je conserverai le n° I.
Il m'arrive de me perdre dans le rock. Je navigue à vue dans la funk, j'ai la vue troublée parce que je pleure sur la Soul, je trébuche dans les ornières du jazz et je me rajeunit en écoutant du Hip-Hop.
Bref, quand je me sens perdu, une seule solution. Je me raccroche aux albums de Led Zeppelin comme un naufragé de la Méduse.
Si je devais m'échouer sur une île déserte, ce que je garderai de ce radeau, c'est le N°1.
Parce qu'il est fait de fusion et de noble métal.
Une combinaison qui s'accorde parfaitement à la combustion et qui invente à chaque écoute un artefact. Pourtant il n'y a jamais d'erreur.
Led Zeppelin 1 c'est le tremblement naturel de la musique. Une tectonique des plaques qui ne se fait pas en douceur.
Une énergie qui poussa une génération à croire aux changements.
"La musique ne ment pas. Si des choses doivent changer en ce monde alors c'est la musique qui les changera" (Jimi Hendrix).
L'impertinence toute rock'n'roll de Led Zep les emmena aux changements. Une révolution terrestre.
Led Zeppelin est grand.
Même le punk n'y a rien changé.
Led Zeppelin est grand aussi