Ah, Gojira ! La meilleure chose qui soit arrivée au death metal hexagonal ces dernières années ! Après un The Way of All Flesh que j'ai adoré, malgré qu'il n'ait pas fait l'unanimité auprès des fans, et un projet d'EP en association avec Sea Sheperd tombé à l'eau, sans mauvais jeu de mot (mais duquel aura quand même été tiré un sympathique single avec Devin Townsend), le combo s'est fait attendre dans les bacs, tout en se faisant rare sur les scènes de nos contrées (mais bon, excusez du peu, tournée américaine, première partie de Metallica, tout ça…). Moi qui suis particulièrement fan de leur death metal progressif, aérien et inventif, j'attendais l'Enfant Sauvage de pied ferme, mais… Coupons court au suspens, attendre autant de temps pour ça, c'est vraiment moche !
Peut être est-ce parce que j'en attendais trop ? Peut être le changement de label lors de la signature chez Roadrunner a-t-il joué dans la direction artistique du groupe ? Toujours est-il que le morceau d'ouverture de l'album, Explode, se pose en excellent résumé de la galette : long, poussif, peu innovant, et surtout loin, très loin, de l'audace habituelle de Gojira ! Certes, on y retrouve tout ce qui fait la particularité de la musique du quatuor, rythmiques lourdes, raclés de cordes malsains, riffs « aériens » et/ou « aquatiques » comme eux seuls en ont le secret, et la voix de Joe Duplantier, toujours aussi hargneuse et impériale. Mais pourtant, la magie n'opère pas, et l'ensemble prend cette fois-ci énormément de mal à démarrer, pour peu qu'il ne démarre d'ailleurs, car pour ma part j'ai du faire un effort colossal pour parvenir à écouter la galette jusqu'au bout, décrochant systématiquement à la cinquième plage, The Wild Healer, un interlude instrumental dans la lignée de ceux que l'on pouvait trouver sur The Way et From Mars, mais qui ne parvient pas du tout à aérer un ensemble lourd et indigeste.
En fait, le meilleur moyen d'écouter cet album est, comme je l'ai fait, de n'écouter qu'une ou deux pistes au hasard. Là, chaque écoute se révèlera surprenante le temps d'une chanson, et m'a permis de faire plus ou moins ressortir quelques titres de la mêlée, comme le brutal Planned Obsolence et son intro en blast beat, le single L'Enfant Sauvage (en écoute sur le net si vous voulez vous faire une idée, aussi bien en version studio qu'en live, merci la génération Youtube pour ces super bootlegs au son optimal… Hem) ou le dernier morceau de l'album, The Fall, qui s'offre un chouilla plus de variété que ses amis Liquid Fire ou Mouth of Kala, pour ne citer qu'eux. Dommage qu'après des albums aussi riches et variés que From Mars to Sirius et The Way of All Flesh, l'Enfant Sauvage sonne comme une parodie de Gojira, une imposture qui en a certes l'odeur, mais pas la saveur. A croire qu'à aller faire joujou avec Max Cavalera, Joe a été attraper la flemme-ingite aiguë du frontman Brésillien…