Les crédits de fin de GTA V sont en train de défiler sur ma console, et c'est avec une drôle de sensation que je suis en train d'écrire cette critique. Une drôle de sensation que je peux expliquer de deux manières différentes :
- Premièrement, c'est la toute première fois que je termine un GTA ! J'ai adoré la trilogie PS2, mais je n'ai jamais terminé le moindre de ses opus, finissant toujours par éprouver une certaine lassitude et / ou abandonnant face à des missions que je ne parvenais pas à remplir, le plus souvent la faute à un système de visée et de verouillage qui m'a toujours semblé approximatif. Pareil pour GTA 4, que j'ai fini par laisser tomber à force d'être ralenti entre chaque mission par ce bon vieux cousin Roman; sensation d'accomplissement donc, même si j'avouerai éhontément avoir nié pas mal d'activités annexes, tellement pris par le scénario que j'étais.
- Deuxiemement, mais bordel qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Le jeu a beau être hyper ouvert et foisonner d'activités multiples, à quoi bon si tout le talent de Rockstar pour raconter et présenter une histoire passe à la trappe pour se contenter de faire des courses et acheter des propriétés ? En tout cas je ne l'aurai pas vue passer, cette campagne ! Et pourtant, dieu sait combien d'heures j'ai pu passer dessus !
Vous comprendrez donc aisément que les jeux "bacs à sable" sont loin d'être mon délire, et pourtant qu'est-ce que j'ai pris mon pied à écumer les rues de Los Santos ! La force principale de ce 5 ème opus chiffré de la saga Grand Theft Auto réside dans sa narration soignée aux petits oignons et rythmée avec brio, laissant facilement le joueur excuser les quelques approximations de gameplay, que l'on retrouve surtout dans les affrontements qu'ils soient à mains nues ou à grand renfort d'armes à feu : dur dur de passer après Sleeping Dogs et le Arkham City de Rocksteady qui proposent eux un véritable système de combat complexe utilisant des contres, une notion de combos et des interactions avec l'environnement en monde ouvert; et niveau gunfights on était en droit de s'attendre à plus de dynamisme maintenant que Rockstar compte Max Payne 3 à son actif; mais ces menus défauts semblant venir d'un autre âge (GTA 4) s'effacent quand il s'agit pour Rockstar de raconter une histoire.
Pour ce faire, trois personnages différents, issus d'horizons tout aussi variés : Michael, un quadra père de famille et gangster sortant de sa retraite, Franklin, un jeune noir des cités qui fera plaisir aux fans de CJ de San Andreas; et enfin Trevor, un psychopathe fini qui offrira pas mal de moments épiques à l'histoire tant il est complètement barré ! Même si mon premier contact avec Trevor fut assez difficile (je ne spoilerai pas, mais pour ma part j'avais vraiment adoré The Lost & The Damned, ceux qui ont fait le jeu comprendront), il est vite devenu mon petit préféré dans le trio.
Grâce à la présence des trois personnages, GTA V s'offre de nouveaux moyens narratifs afin de rythmer les missions où nos trois héros se cotoient : on peut aisément passer d'un personnage à l'autre, soit pour switcher vers un personnage dont la barre de vie est toujours au beau fixe afin d'éviter un game over, soit pour découvrir d'autres perspectives sur la scène en cours, ainsi il n'est pas rare de se retrouver à naviguer entre deux personnages au coeur de l'action et un troisième plus en retrait qui les couvrira au sniper par exemple. A noter que quand on switche hors d'une mission (en ballade sur la carte donc), on retrouve toujours le personnage choisi dans une tranche de vie fidèle à son style, ce n'est pas une enveloppe vide qui attend bien sagement que l'on prenne son contrôle et ce détail de mise en scène est plus qu'appréciable ! Le switch en mission prend tout son intérêt lors des séquences les plus prenantes du jeu, un excellent point, les braquages !
Ces missions spéciales sont l'un des atouts phares de GTA V, de par leur mise en scène avant, pendant et après : pour préparer son casse, il faut faire de la reconnaissance sur les lieux du futur crime, élaborer un plan d'attaque (le choix s'offre toujours au joueur entre deux méthodes bien distinctes) et procéder aux derniers récapitulatifs en récuppérant par exemple des déguisements ou des véhicules spécifiques. Lors de la mission à proprement parler, on navigue entre chaque personnage qui a son rôle bien précis à jouer, on peut également engager du personnel pour nous aider, et selon le choix du joueur, ce personnel peut tout à fait réussir ou faire foirer (sans gravité, mais ajoutant une difficulté supplémentaire) le braquage, ajoutant du rythme aux évènements. Enfin, une fois la mission terminée et la fuite réussie, les radios parleront de votre casse aux informations, détaillant assez précisement ce qu'il a pu se passer lors de votre attaque. De grands moments !
Je ne parlerai pas du scénario, afin de ne pas spoiler les lecteurs qui n'auront pas encore terminé le jeu, mais il se suit avec énormément de plaisir et offre de nombreux rebondissement qui aideront à s'attacher aux personnages ! On retrouve bien évidemment de nombreuses activités annexes pour flâner entre deux missions, on retrouve certains jobs présents dans les précédents GTA ainsi qu'un système de chasse fort proche de Red Dead Redemption du même studio, bref de quoi s'occuper sur une carte vaste et complète !
N'allez pas croire que je me suis laissé prendre dans la vague de hype, étant en général le dernier à me laisser avoir par de tels stratèges marketings, mais GTA V est assurément LE jeu de cette fin d'année, celui qui saura rythmer vos sessions au point de créer (comme dans mon cas donc !) une sensation de vide une fois (grandement) terminé !