Histoire LINGCHI : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lingchi
Comment donner une idée de l'horreur de la torture en musique ?
Joey Baron - batterie / Bill Frisell - guitare / Fred Frith - basse / Wayne Horwitz - claviers / John Zorn - saxophone alto /Yamatsuka Eye - voix
Des musiciens que l'on ne présente plus s'y collent et le rendu est dérangeant, sordide et affreux. Pas de dissonances, pas de mélodies bizarres, pas d’errements mais une ligne droite directrice marquée par la guitare. Bill Frisell assène pendant trente minutes des coups de marteaux de saturation ponctuant l'oeuvre et marquant le châtiment qui continue et continue jusqu'à l’écœurement. La stridence du son déchire la chair, coupe les tendons, lacère les ligaments. La saturation martelée, assénée écrase et broie les os. Le corps du supplicié, les mouvements de la foule et du bourreau sont secoués par la batterie qui tape, frappe, roule, vibre avec une puissance égale à la cruauté de cet acte barbare.
Et puis au milieu du morceau les cris arrivent. C'est horriblement hallucinant ! La performance vocale de Yamatsuka Eye est violente et certainement éprouvante car pendant quinze minutes il va hurler, ahaner, râler, geindre et agoniser. En parallèle John Zorn s'égosille, vocifère et éructe dans son saxo pour décupler la puissance des cris de Eye.
Evidemment cet album difficile mais pas inécoutable ne peut, à mon sens, s'écouter que seul.
On n'aime / on n'aime pas, peu importe mais comment rester indifférent à ce plaidoyer contre la torture.
Opus à mettre en relation avec le livre d'Octave Mirbeau le jardin des Supplices : http://www.senscritique.com/livre/Le_Jardin_des_supplices/critique/107229170