Deuxième album de Balavoine après une première tentative ratée, Les Aventures de Simon et Gunther racontent (car c'est un album-concept) la séparation de deux frère berlinois à parti de l'an 1961 et l'édification du tristement célèbre mur de Berlin.
Dans l'ensemble, l'album est en fait très inégal, avec des sons qui valent vraiment le coup (Lady Marlène, La porte est close), mais pas mal d'autres qui sont franchement moyens (J'entends cogner ton cœur, Ma musique et mon patois). En fait, on peut bien dire que la moitié est oubliable.
Je dirais que le défaut de l'album tient en deux choses (qui sont d'une certaine façon liées) principalement : le manque d'expérience de Balavoine et la difficulté d'accorder à la fois une thématique comme celle-là et un projet musical qui veut plaire aux auditeurs, et qui se doit de réussir artistiquement. Balavoine selon moi n'a pas su le faire ; les paroles sont souvent faibles, formelles, explicites, et ne concordent pas avec la musique. Pour créer des musiques qui se veulent rythmées voire dansantes sur ce thème qu'est le mur de Berlin, il faut faire avec une agilité que n'a pas Balavoine à ce moment-là. Le problème ici, c'est que le chanteur rate à la fois le coche de l'émouvant (car faiblesse des paroles + musiques relativement enjouées) et celui du revigorant musicalement (car gravité du thème + paroles explicites (qui va chanter à tue-tête l'histoire de deux frères qui se retrouvent séparés dans un contexte géopolitique ultra tendu et risquant de se faire tuer pour... trop avoir envie de se revoir ?), et l'on pourrait rajouter aussi que la qualité musicale n'est pas non plus optimale de partout).
On a bien tapé sur l'album, mais il faut admettre qu'il y a des choses à sauver. Premièrement, on ne peut nier qu'il y a de la recherche et une volonté de faire un travail original et complet. Il y a une certaine diversité musicale et aussi peu exempt de défauts soit-il, l'ensemble demeure abouti, avec sa cohérence à lui et sans un arrière-goût d'inachevé. De plus, Daniel Balavoine fait déjà preuve d'une grande qualité d'interprète et montre de véritables belles performances vocales.
Le deuxième album de Daniel Balavoine n'est pas encore un des musts dont il sera l'auteur par la suite mais a le mérite d'exister et d'offrir une grille d'écoute pas mauvaise. Toutefois, il reste tout à fait oubliable, irrégulier, et je ne le recommanderais pas spécialement. Réservé aux fans ou à ceux qui sont simplement désireux d'explorer en profondeur la discographie de ce fascinant artiste.