La bande originale du film Les Dalton est composée par le compositeur français Alexandre Azaria qui compose des musiques de longs-métrages de cinéma depuis 1999 avec Comme un poisson hors de l’eau de Hervé Hadmar, où Philippe Haïm (réalisateur des Dalton) officiait en tant que scénariste. Les Dalton est la sixième bande-originale de long-métrage que compose Alexandre Azaria, juste après A ton image (Aruna Villiers), sortie un peu plus tôt en cette année 2004.
La bande originale comporte 23 pistes d’une durée totale de 39 minutes et 25 secondes, dont 17 sont des compositions inédites d’Azaria : deux pistes sont des réorchestrations de l’opéra Carmen de Georges Bizet (19 – Carmen Suite No1 : VI. Les toréadors (Hacienda) ; 20 – Carmen Suite No1 : II. Aragonaise (Cantina)) et quatre pistes sont des emprunts à d’autres musiques de films : deux morceaux composés par Ennio Morricone (8 – My Fault ? dans Mon nom est Personne de 1973 ; 9 – Per un pugno di dollari ? dans Pour une poignée de dollars de 1964) et deux morceaux de Henry Mancini (22 – Peter Gunn Theme dans The Blues Brothers de 1980 ; 23 – The Big Blow Out dans Diamants sur canapé de 1961).


L’entrée en matière est typique du western : Dalton Parade adopte une musique orchestrale qui évoque l’aventure à grand renfort de cuivres et de tambours, le thème sera repris dans trois autres morceaux (Arrivée au village, Escape from Hacienda, Fière de nous) en guise de rappel de l’Ouest notamment avec Escape from Hacienda où quelques notes de piano de saloon se font entendre. El Tarlo succède à Dalton Parade avec une musique à l’accent mexicain à base de maracas, de guitare, et de trompettes, rappelant au bon souvenir le thème du méchant mexicain de On l’appelle Trinita Mescal, Ladrone messicano. El Tarlo trouvera un écho dans La suite mexicaine où Azaria opte pour un banjo, un marimba et un harmonica. Pour le reste de la bande-originale, Azaria semble laisser le western au maître, le seul et unique Ennio Morricone – dont Les échecs est une sorte d’hommage, une ballade paisible comme celle que l’on peut entendre dans Mon nom est Personne ou Il était une fois la Révolution – pour deux morceaux iconiques du western italien composés pour des duels : le fameux « tic tac » de Mon nom est Personne et la trompette superbe de Pour une poignée de dollars. Azaria procède à un savant mélange des genres en se dirigeant d’abord vers une musique plus symphonique avec l’utilisation d’instruments à corde notamment sur Le coffre et MacDermot qui évoque l’espionnage avec ces quelques notes jouées à la flûte, tout comme plus tard dans Les Balles, alors que La Diligence et son ton saccadé avec de grands coups donnés sur des tambours donnent un air d’Indiana Jones. Après l’emploi de Morricone, Azaria vire vers le lyrique avec Une journée dans le ou et aime jouer des contrastes sonores dans En prison et Ready to Go puis dans Potion magique où deux notes graves se font constamment relever par deux notes aiguës. Après l’intermède News of the West et sa musique de cour, Potion magique entame la dernière ligne droite de la bande originale avec un ton assez jazzy donné par l’utilisation d’un trombone. Du jazz au blues, il n’y a qu’un pas aisément franchis par Azaria après ces deux reprises de Carmen, avec le morceau Lucky Blues, seule piste où une voix est enregistrée. Azaria prend quelques éléments essentiels d’un bon blues band : une voix rocailleuse, une basse, une batterie, un harmonica et un piano. Lucky Blues se pose comme alternative au fameux I’m a poor lonesome cowboy qui conclut tout numéro de bande-dessinée de Lucky Luke. Il constitue également une introduction au leitmotiv rythm’n’blues Peter Gunn Theme de Henry Mancini repris par The Blues Brothers. La bande originale se termine en beauté par du jazz moderne – toujours du Mancini – où la trompette a encore une place centrale.

En définitive, Alexandre Azaria est arrivé à se libérer des contraintes de la musique de western sans oublier qu’il s’agit d’une adaptation d’une bande dessinée comique, libérant ainsi sa musique des conventions du genre. La bande originale s’en ressent et s’en trouve enjouée, voire festive, renouant avec l’esprit BD de Morris et Goscinny (ce que n’est pas ou peu arrivé à faire Philippe Haïm dans son film).


Top 3


1. *Lucky Blues* N°21 1:52 
2. *Dalton Parade* N°1 1:35
3. *Potion magique* N°17 0:52

Ma critique du film réalisé par Philippe Haïm

CharlieVenco
6
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le 25 janv. 2022

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