Après la belle surprise que fut “Pure” (1er album de Maes sorti en 2018), avec des morceaux de haut vol et très inspirés comme Mama, Billets Verts ou Fumer pour ne citer qu'eux, l'envie de me plonger dans un second album intitulé “Les Derniers Salopards”, introduisant une nouvelle décennie de rap français, relevait de l'émulation.
Seulement voilà, 2020 ne rime pas forcément d'entrée avec originalité et explorations artistiques, en tout cas en ce qu'il concerne cet album.
Niveau productions, c'est calibré, tout fonctionne (ou presque avec la très fade outro “Imparfait”).
Mais nous sommes bien en terrain connu, avec la constante impression de retrouver les mêmes sonorités, que Maes se charge aisément de saupoudrer de toplines plutôt bien senties: “J’suis marié à la street” (“Street”) ; les refrains de “Mémoire”, “Chromé” ou encore “Étoile”.
Les feats avec Booba et Ninho de leur côté ne sont que des décourageants redits de Madrina et des recettes de Ninho. Le meilleur featuring restant la duplication de ses vocals qui font souvent mouches, notamment dans les vociférations que l’on peut entendre sur “Elvira” et “A coté de moi”.
Se pose ainsi le problème du manque d'ambition dans les textes. Cette recherche constante de la topline prend malheureusement le pas sur l'écriture, qui s'essouffle pour ceux/celles ayant poncé celle de “Pure”: "Ils n’ont pas de crédibilité, Maes rime avec habilité" [...] "Quitter l'batiment", deux phases qui résument bien le personnage Maes sur le très bon “Bâtiment”.
Sur ce deuxième album, Maes ne se renouvelle pas, il nous livre la même came: “2h du mat', livraison pour les couches tard” (sur “ les gens disent”) vs le “3h du mat, j’suis toujours dehors” (sur “Billets Verts”).
La thématique classique de la vente de drogue, Maes sait malgré tout bien la raconter. Son authenticité se ressent à chaque track, comme sur la prometteuse intro “Dragovic”: “J’ai toujours porté mes couilles depuis qu’j’suis morveux” [...] “J’sais qu’on entendra jamais: Maes est mort vieux”; authenticité associée par moments à de malignes tournures de phrases, soignant ses entrées de couplets, comme sur Elvira: “ J’vends la moula couleur Homer, ma daronne mange toujours pas de homard”; “Ils sont venus après la guerre, aujourd’hui voudraient graille”, “J’vis la nuit parce qu’on va tous mourir un jour” (“Les gens disent”).
En revanche, d’une manière globale chaque lignes sonnent réchauffées. N’as -t-il pas d’autres choses à raconter ? Cela reste léger pour un artiste se prétendant appartenir aux “derniers salopards”.
En résulte un projet bien moins convaincant que l’initial, que je vois clairement moins bien vieillir. En cause également d’une quasi absence de direction artistique. Une tracklist cherchant en priorité à dégager des hits. Je reste néanmoins confiant pour la suite... il n’as après tout que 25 ans et une voix singulière qu’il peut encore explorée.