8 ans d'absence, et beaucoup de réponses apportées dans ce 3ème album ! Multitude porte bien son nom, évocateur, conteur d'histoires de notre quotidien à tous et toutes ; Stromae prend soin de s'adresser aux petites gens, avec brio. La multitude c'est le peuple, c'est les sons, les styles musicaux.
Multitude est un beau tour d'horizon sur les petites et grandes épreuves de la vie. Des textes durs, une interprétation toujours au rendez-vous, d'autres textes manquant de relief. Petite déception sur cette tracklist, "C'est que du bonheur" et "Pas vraiment" représentent un ventre mou, anecdotique, même si le séquencing est très juste, ce premier morceau arrivant à point nommé suite à l'éprouvant et immense "L'enfer". Ce dernier est tellement puissant, si bien interprété, si bien arrangé, une écriture simple et évocatrice, peut être un brin trop, en allant droit au but sur la signification de l'enfer qu'il a vécu. « J'ai parfois eu des pensées suicidaires » tout comme lorsque Stromae conclut le couplet de "Invaincu" en lâchant le : « Putain d'maladie ! ». Un poil trop explicit selon moi, mais peut importe quel message fort, des émotions si bien partagées avec l'auditeur, comme les troubles qui fissurent l'esprit de Stromae retranscrits par les roulements métaliques/glitchs à chaque fin de mesure sur le refrain ; bref, "L'enfer" est époustouflant.
Musicalement, c'est un tour du monde, pop latina, electro, afro, une pincée de trap en outro, refermant un dyptique, une journée lambda selon que l'on soit du coté yin ou yang : mise en scène d'une « journée de m**** » subie par Stromae ("Mauvaise journée"), dont la "bonne journée" vient apporter un contraste salvateur en guise de conclusion, une ouverture positive bienvenue.
Les productions, c'est bien sûr le haut du panier (mix chirurgical), avec des instruments exotiques, qui enrichissent grandement les morceaux : la cornemuse de "Invaincu", l'erhu (instrument de musique chinois) de "La solassitude" ou encore le ney (flûte persique) de "Pas vraiment" ; Stromae n'a pas perdu son sens de la mélodie, qui fonctionne à merveille notamment sur les sonorités classiques de "Fils de joie", auquel les chœurs qui parsèment l'album, donnent de l'envergure. Plein de belles idées défilent tout au long de l'album à l'image de la prod de "Santé" qui *trébuche*, référence aux instants de relâchement auxquels les travailleurs s'adonnent modestement et avec hésitation (cf. personnages du clips), on sourit souvent dans cet album malgré ses thématiques difficiles.
Ce retour était inattendu, le chef d'œuvre Racine carrée reste indétrônable. Multitude ne réitère pas cette performance, mais en était-ce vraiment le but ? Multitude c'est une renaissance, un partage, une déclaration d'amour à la vie et aux êtres qui comptent. Cet album existe, c'est bien une nouvelle réussite pour le maestro belge.
Les morceaux majeurs de l'album : Santé / Fils de joie / L'enfer / Mon amour
Ma note : 7