[Je précise préalablement que malheureusement les deux albums de l'OST des cités d'or - celui ci et la réorchestration - sont très incomplets. On regrette l'absence de la plupart des grands leitmotivs pourtant omniprésents dans la série : angoisse, apparition mystérieuse, chaos, le secret, etc]
Si j'avais eu le courage de me lancer en musicologie, je sais pertinemment que j'aurai supplié un directeur de recherche de m'accorder une direction de mémoire sur cette bande son des mystérieuses cités d'or. Hélas je n'y connais rien, mais je ne peux m'empêcher de relever à quel point cette bande son a marqué la plupart des anciens spectateurs des Cités, bien plus que tous les autres dessins animés de l'époque. Je pense sincèrement que le Groupe Appolo est parvenu à accrocher quelque chose de l'infini à travers leur travail. Malgré une omniprésence du synthé, la reprise permanente des thèmes principaux, quelque fois modulé très maladroitement (je pense notamment à l'extrait terre où ça pique un peu) le tout forme un ensemble brouillon, baroque, qui part dans tous les sens, arrivant à la fois à reprendre parfaitement des émotions d'enfant et une métaphysique plus adulte. En un mot : un putain de chef d'œuvre - et encore plus peut-être - qui n'a pas pris une ride.
Pour les sceptiques je vous invite à relever l'impact que permet la bande son dans la transmission de l'émotion dans la série. L'exemple le plus marquant est peut-être le magnifique épisode 14 (Le Médaillon d'Esteban) où un Mendoza tiraillé cède finalement au destin en rendant le médailon de l'enfant : la transition du thème l'aventure d'Esteban, porté par un Esteban débarquant triomphant est extraordinaire. Tout y est : le triomphe de la vertu du gosse sur les résistances de Mendoza, le combat intérieur, le thème permettant à Esteban d'apparaitre comme la lumière même.
Enfin, pour les plus romantiques je vous renvoie vers deux thèmes magistraux : Le vol du condor, qui devrait apparaitre lourdingue par cette surenchère synthétique et qui pourtant métaphorise parfaitement les battements d'ailes du condor et puis le thème La cité d'or, bordel c'est exactement ce qu'on attendait de l'ouverture des Cités reprise du thème en mineur sous une pluie d'étoile, apportant une solennité unique au moment, toute la démence des Cités apparaissant au monde comme quelque chose de trop grand, de trop beau, d'incompréhensible.
Que le groupe Apollo puisse influencer d'avantager les bandes originales actuelles, nos dessins animés souffrant bien trop souvent d'une trop grande pauvreté musicale. Des thèmes aussi magistraux et d'une grande si finesse c'est également participer au développement émotionnel et intellectuel de l'enfant.